Après cinq mois d’attente, le procès en appel du massacre de 2009 se prépare dans un contexte de tensions et d’incertitudes.
Près de cinq mois après le verdict du procès concernant le massacre du 28 septembre 2009, une nouvelle phase cruciale se profile : le jugement en appel. Bien que la date d’ouverture de cette étape ne soit pas encore fixée, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Yaya Kairaba Kaba, a assuré que les préparatifs avancent et que toutes les conditions sont réunies pour garantir un déroulement rapide de cette procédure.
Une procédure en deux temps
Le ministre a tenu à souligner que le procès n’est pas clos, car des voies de recours ont été exercées. « La seconde partie du procès est en préparation. Le second juge va statuer non pas sur l’intégralité du procès, mais sur les motifs de l’appel », a précisé Yaya Kairaba Kaba. La procédure en appel ne constituera donc pas une répétition du procès initial, mais une révision ciblée de certains points du jugement.
Le 31 juillet 2024, le tribunal criminel de Dixinn avait prononcé des condamnations sévères à l’encontre de sept des onze accusés pour leur implication dans l’un des massacres les plus tragiques de l’histoire récente de la Guinée. Quatre autres accusés avaient été acquittés. Parmi les condamnés, seul un n’a pas fait appel.
Les figures du régime de Dadis Camara face à la justice
Les figures les plus emblématiques du régime de Moussa Dadis Camara, telles que l’ex-président lui-même, Moussa Thiegboro Camara, Toumba Diakité, Marcel Guilavogui, Blaise Goumou, et Jean-Claude Pivi, ont tous contesté le jugement rendu par le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara. Ces anciens responsables du régime militaire sont attendus à nouveau devant la Cour d’Appel de Conakry, où ils tenteront de faire valoir leur innocence dans ce qui demeure l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire contemporaine de la Guinée.
Un procès plus rapide, mais d’une grande importance
Le ministre Kaba a indiqué que le procès en appel ne prendra probablement pas autant de temps que le premier procès. « En termes de durée, le procès d’appel ne connaîtra pas la même ampleur que celui du tribunal de Dixinn. Le second juge se prononcera uniquement sur les motifs de l’appel », a-t-il précisé. Cela pourrait permettre une résolution plus rapide du dossier, mais son impact juridique et symbolique reste immense, en raison de la gravité des faits et des attentes de la société guinéenne, particulièrement des victimes.
Ce procès en appel représente donc une étape cruciale pour la justice en Guinée, et pourrait marquer un tournant décisif dans la quête de vérité et de responsabilité concernant le massacre du 28 septembre 2009, l’une des plus grandes atrocités de l’histoire du pays.
Des obstacles à surmonter avant l’ouverture du procès
Cependant, des obstacles importants menacent de retarder le début du procès en appel. Selon certaines informations, les avocats des accusés ne sont pas prêts à plaider tant que leurs arriérés de primes ne sont pas réglés. Un avocat a confié : « Jusqu’à présent, les primes des avocats n’ont pas été payées. Et puisque l’avocat exerce un métier libéral, on ne peut pas le braquer pour l’envoyer dans la salle d’audience. Il n’y aura pas procès tant que les primes ne seront pas payées. »
Autre problème soulevé par nos sources : le mouvement imminent des magistrats, avec une trentaine de juges devant prendre leur retraite dans les prochains mois. Cette situation pourrait également perturber le bon déroulement du procès en appel.
L’indemnisation des victimes : un enjeu crucial
Une autre question centrale reste en suspens : celle du paiement des indemnisations aux victimes. Le ministre de la Justice a abordé cette question délicate en soulignant que, bien que les droits des victimes aient été reconnus dans le jugement, leur réparation reste à déterminer. « La réparation des préjudices subis par les victimes, c’est beaucoup d’argent », a-t-il admis. Les autorités guinéennes comptent sur le soutien de la communauté internationale pour résoudre cette question cruciale.
Ainsi, cette nouvelle phase du procès représente non seulement une bataille judiciaire pour les accusés, mais aussi une étape déterminante pour la Guinée, dans sa quête de justice et de réconciliation nationale après l’un des événements les plus tragiques de son histoire.
Aboubacar Moussa Camara 622 42 41 87