Lors de sa plaidoirie devant le tribunal criminel de Dixinn ce mercredi 19 juin, Maître Jean Baptiste Jocamey Haba, un des avocats du président de la transition d’alors, a vivement critiqué le rapport de la commission d’enquête internationale sur le massacre du 28. septembre 2009, le qualificatif de « bâclé » et de « plein de contre-vérités ».
Maître Haba a affirmé que la commission avait échoué à établir les faits de manière rigoureuse, se contentant de relater des témoignages sans vérification approfondie. « La commission dit tout simplement qu’elle préfère la parole aux faits, ce qui est pourtant de son mandat. On lui demande d’établir les faits, d’aller sur les lieux, mais elle se contente de croire ce qu’on lui a dit sans fournir de liste précise des témoins », a-t-il déclaré.
L’avocat a également reproché à la commission un manque de précision quant aux personnes rencontrées. « La commission prétend avoir reçu 697 témoins, mais elle ne donne aucun détail sur le nombre d’ONG, de membres des forces de l’ordre, du parquet, du barreau, des responsables des cliniques et du personnel des hôpitaux rencontrés. Est-ce cela un travail d’enquête sérieux ? » a-t-il interrogé.
Maître Haba a suggéré que le mandat de la commission, émanant du Haut-Commissariat des Nations Unies, était biaisé. « Est-ce qu’un mandat téléguidé pour salir un gouvernement et son chef peut être pris en compte ? », a-t-il lancé, ajoutant que le rapport servait de base à une incrimination pour des crimes contre l’humanité sans preuves solides.
L’avocat a insisté sur le fait que la commission avait délibérément dissimulé des informations cruciales. « La dissimulation du nombre exact de personnes rencontrées par la commission cache le caractère hâtif et bâclé des enquêtes. On ne veut pas faire confiance à la commission d’enquête nationale indépendante de Guinée », a-t-il souligné.
Pour clore sa plaidoirie, Me Haba a affirmé que le rapport devait être écarté du dossier en raison de son manque de crédibilité. « Les enquêteurs ont validé des constructions orales de partis politiques et d’ONG liées à ces partis. C’est un rapport bâclé, plein de contre-vérités, et il ne doit pas être pris en compte », a-t-il conclu.
Me Jocamey Haba a plaidé durant trois jours et a annoncé qu’il continuera lundi prochain sur la question de la requalification des faits en crimes contre l’humanité et responsabilité de commandement des chefs militaires. Le procès a donc été renvoyé à lundi pour la suite des plaidoiries.
Aliou Diaguissa Sow
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