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Procès du 28 septembre : Me Jocamey révèle les contours de l’évasion du 4 novembre à la maison centrale

Les plaidoiries des avocats pour la défense du capitaine Dadis Camara se sont poursuivies ce mercredi 12 juin 2024. Après la plaidoirie de maître Pépé Antoine Lamah, qui a pris toute la journée d’hier, c’est au tour de son confrère maître Jean Baptiste Jocamey Haba de plaider en faveur du capitaine Dadis devant le tribunal qui juge les événements du 28 septembre 2009 et les jours suivants.

À l’entame de sa plaidoirie, Me Jocamey Haba a largement évoqué l’évasion survenue le 4 novembre 2023 à la maison centrale de Conakry, dans laquelle son client était impliqué. Dans leurs échanges de ce jour avec les autorités judiciaires, il a déclaré ceci :

« J’ai appelé le procureur général avec qui j’ai discuté. J’ai appelé le garde des Sceaux, qui m’a dit qu’il n’était pas en Guinée. J’ai appelé le bâtonnier de l’Ordre des avocats, parce que dans ma discussion, il était question… J’ai été très clair. J’ai dit, vous savez que le président Dadis ne peut pas s’évader. Et de toute façon, si aujourd’hui, à la maison centrale, il y a tout un camp, ou même des camps qui entourent la maison centrale, c’est bien parce qu’il est là-bas. Si aujourd’hui, à la maison centrale, même pour nous avocats, il est difficile d’entrer, c’est bien parce qu’il est là-bas. Nous sommes en Guinée depuis longtemps. Je suis avocat depuis bientôt 14 ans. Oui, bien sûr. »

Dans la même logique, l’avocat du capitaine Dadis a rappelé qu’un commando est venu enlever son client à la maison « parce qu’on n’a pas pu assurer sa sécurité, que des personnes sont venues l’enlever. Et ce que les gens n’ont pas compris, c’est que le président Dadis, le colonel Moussa Tiegboro Camara, le colonel Blaise Goumou et le colonel Claude Pivi partageaient la même cellule. Mais puisqu’ils n’ont pas les détails, on se demande comment c’est possible. Leur cellule faisait directement face à l’autre. Ce commando est donc allé. Mais nous, nous sommes des civils, nous pouvons dire ce que nous voulons. Nous pouvons parler de n’importe quelle règle de droit. Mais si en pleine nuit, un commando armé vient, avez-vous le temps de discuter ? » s’interroge-t-il.

Plus loin, cet avocat explique pourquoi l’enlèvement de Dadis était nécessaire ce jour-là : « Parce que c’est un ancien chef d’État et chacun sait que toute l’attention allait être concentrée sur lui. Je sais, parce que c’est moi qui étais au milieu des dix pick-ups de gendarmes avec un gilet pare-balles. Parce que les autorités judiciaires avaient informé le haut commandement, et le haut commandant m’avait appelé. Et nous avons indiqué un lieu de rencontre. C’était pour qu’en cas de désillusion, le seul recours soit l’avocat. Pour quelqu’un qui est déboussolé, l’avocat est le seul recours. Je connais un magistrat guinéen qui a été plaqué dans son propre bureau à Dixinn. Il n’a jamais appelé un magistrat, ce sont les avocats qu’il a appelés. Et j’ai été tellement surpris que quand le procès a été engagé et qu’on est allé le voir, il a dit : « Allez voir mon avocat maître Jocamey. » Alors que lui-même est un professionnel. Cela montre combien de fois psychologiquement et moralement, une personne en situation de précarité ne pense qu’à son avocat. Je devais ouvrir mon téléphone. Et c’est moi, c’est encore moi qui ai tout fait pour savoir où il était. C’est moi, avec lui et le colonel Blaise, qui étions à bord du véhicule, et à bord de ce véhicule, il a appelé le procureur. Il a continué à communiquer avec le procureur. C’est moi qui ai communiqué avec toutes les autorités judiciaires. À toutes les étapes jusqu’à la maison centrale. Et ce jour-là, j’ai quitté la maison centrale seulement à 21 heures, puisqu’il n’y avait pas de passage. Parce que je suis sorti sans véhicule. J’étais d’ailleurs en habits de sport. Cet homme a encore été humilié à la maison centrale. On continue de l’humilier. Et malheureusement, on a censuré la vidéo parce que devant le procureur de Kaloum, devant les envoyés de la présidence, j’ai dit que vous ne pouviez pas avoir ces images. Il a droit à l’intimité de sa vie privée. Il a droit à son image. C’est le procureur de Kaloum qui m’a dit : « Maître, ces gens-là sont venus pour ça. On ne pourra pas les empêcher. » Pendant qu’il était dans ce traumatisme absolu, on a encore décidé de l’entendre. »

Pour clore l’histoire de l’évasion, Me Jean Baptiste Jocamey Haba laisse entendre : « Il faut que les gens comprennent qu’on ne peut pas humilier un tel homme. Nous restituons la vérité telle qu’elle est, non pas telle qu’on voudrait qu’elle fût. Parce que nous avons été là. Alors, que cela soit clair, que cela soit vraiment clair. On ne peut pas continuer à humilier un homme. Ce militaire de l’armée guinéenne a aussi un destin atypique », a-t-il fait savoir.

Aliou Diaguissa Sow 

Tel : 627 51 44 41

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