Depuis quelques années, plusieurs organisations nationales et internationales unissent leurs efforts pour faire la promotion des droits et la santé sexuels et reproductifs (DSSR) en Guinée. Aujourd’hui, cette lutte a enregistré des progrès, mais les défis restent encore importants, a fait savoir Ramata Baldé, une activiste engagée dans le combat.
En Guinée, les Droits de la Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR) ont encore du chemin. Selon les dernières statistiques, près d’un tiers des adolescentes de 15 à 19 ans ont déjà commencé leur vie féconde, une femme sur 5 était mariée ou en union avant l’âge de 15 ans, et plus d’une sur deux l’était avant l’âge de 18 ans. La Planification Familiale reste très faible, avec seulement 7,8% d’utilisation des moyens de contraception moderne au sein de la population générale. La prévalence des mutilations génitales féminines avoisine les 97% parmi les femmes de 15 à 49 ans.
C’est dans ce contexte que Solthis (Solidarité thérapeutique et initiative pour la santé) a lancé le projet « Pouvoir d’agir des associations et des jeunes engagés dans la santé sexuelle » (PAJES). Depuis trois (3) ans, cette organisation travaille d’arrache-pied, en partenariat avec la société civile engagée pour la planification familiale et l’association des blogueurs de Guinée (Ablogui) dans le cadre de l’amélioration des DSSR dans le pays par une double stratégie de plaidoyer par et pour les jeunes.
« Le projet PAJES est venu à point nommé. Il vise à donner du pouvoir de faire de l’appointement aux associations et coalitions déjà mises en place qui œuvrent dans le cadre de la lutte contre les VBG et la promotion des DSSR. Cet appointement se fait à travers des formations, du renforcement des capacités », a indiqué Ramata Baldé , membre de l’ABLOGUI.
Trois ans après le lancement du projet PAJES, cette activiste engagée dans la promotion des Droits de la Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR) en Guinée fait savoir que les résultats sont encourageants.
« Grâce à notre engagement, il y a eu des progrès sur le terrain. Je veux parler de notre côté, ABLOGUI. Nous avons une plateforme sur internet qui s’appelle Génération qui ose qui a eu à produire beaucoup de contenus sur les Violences Basées sur le Genre (VBG) et les DSSR, qui a été consultée depuis 2017 par 13 000 jeunes dont 59% de filles. Je pense que toutes ces personnes ont tiré quelque chose des contenus liés au VBG et DSSR. Ce projet a permis d’améliorer le contenu de notre plateforme et d’autres contenus ont été créés concernant les VBG à travers des témoignages sur des sujets, tels que le cycle menstruel et d’autres sujets intéressants ».
Cependant, le combat pour les DSSR est loin d’être gagné. Les obstacles persistent sur le terrain, nécessitant la poursuite des efforts pour le plein épanouissement de la femme guinéenne.
« Il y a beaucoup d’obstacles. Parce que dans les villes, on peut dire que les jeunes ont accès à internet, mais du point de vue rural, dans nos communautés, c’est beaucoup plus compliqué d’avoir accès à des contenus relatifs aux VBG et DSSR. Et c’est beaucoup plus difficile d’aborder ces sujets là-bas parce que les pesanteurs sociaux pèsent beaucoup plus là-bas, ce n’est pas aisé. Il y a aussi le fait que dans nos structures de santé, nous avons des professionnels de santé qui n’ont parfois pas la parole facile concernant les VBG, parce qu’eux-mêmes sont influencés. Il faut qu’on en parle, il faut que le gouvernement mette l’accent là-dessus, qu’on accepte que les médias nationaux sensibilisent de façon continuelle, parce que ce n’est pas quelque chose qui peut être combattu aussi facilement », a souligné Ramata Baldé.
Selon cette activiste, la responsabilité de cette situation n’incombe pas seulement à l’État. Il y a aussi les parents qui doivent accepter de communiquer avec leurs enfants au sujet du harcèlement, des VBG, du mariage précoce et de la sexualité « afin de leur permettre d’être informées et les préparer à se défendre ». Toutefois, la jeune dame invite les autorités à mieux s’impliquer dans la lutte contre des fléaux sociaux, en aidant davantage les coalitions, associations et ONG qui évoluent dans ce domaine.
Christine Haba