Alors que le monde musulman s’apprête à accueillir le mois sacré du Ramadan, période de jeûne et de spiritualité, les fidèles doivent s’abstenir de boire, de manger et de satisfaire d’autres besoins de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Cette pratique peut représenter un défi physiologique, notamment en raison de la soif et de la déshydratation.
Dans cette optique, notre rédaction a rencontré Dr Ben Youssouf Keïta, médecin généraliste et ancien président de la commission santé à la huitième législature, afin de recueillir ses recommandations pour aborder ce mois dans les meilleures conditions.
« La soif et la déshydratation sont les principaux défis du jeûne »
« Pendant le mois de Ramadan, ce qui fait le plus souffrir les croyants et les pratiquants, c’est la soif et la déshydratation. Il faut savoir que l’organisme humain produit environ 1 300 millilitres de salive par jour. Si cette salive n’est pas avalée, cela entraîne une perte hydrique, ce qui peut accentuer la sensation de soif », explique Dr Ben Youssouf Keïta.
Le médecin recommande d’avaler naturellement sa salive en petites quantités et d’éviter de la cracher, car elle contribue à l’équilibre hydrique du corps. « En plus de la salive, l’estomac produit 1 500 ml de liquide et les intestins jusqu’à 3 000 ml. Cela signifie que même en l’absence d’apports extérieurs, l’organisme gère une certaine quantité de fluides, ce qui permet à certaines personnes, comme les forces spéciales ou les commandos, de supporter plusieurs jours sans boire. »
Adopter une alimentation équilibrée
Le Dr Keïta insiste sur l’importance d’une alimentation équilibrée pour compenser les périodes de jeûne. « Un adulte a besoin de 1 200 à 1 600 kilocalories par jour. Habituellement, ces apports sont répartis entre le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner. Durant le Ramadan, la différence est que toute cette alimentation est concentrée en un laps de temps plus court. »
Il conseille d’assurer un apport suffisant en protéines (viande, poisson, légumineuses), en lipides (avec modération, car l’organisme produit déjà une partie des graisses nécessaires) et en glucides. « Les sucres lents, présents dans les fruits comme la pomme, l’ananas, la banane et la mangue, permettent de fournir de l’énergie sur la durée, contrairement aux sucres rapides comme ceux contenus dans le sucre blanc. »
Protéger son organisme
Dr Ben Youssouf Keïta met en garde contre l’exposition au soleil en journée. « L’organisme a besoin de 2 à 4 litres d’eau par jour. En cas d’exposition prolongée au soleil, la transpiration entraîne une perte d’eau supplémentaire, ce qui augmente le risque de déshydratation. »
Concernant la rupture du jeûne, il recommande de ne pas commencer par de l’eau glacée. « L’estomac est resté au repos toute la journée. Si vous commencez par de l’eau glacée, cela ralentit la digestion. Il vaut mieux boire quelque chose de chaud comme du thé ou une soupe avant de manger progressivement. »
L’importance de la datte
« Idéalement, il est préférable de commencer par une datte, qui contient les trois macroéléments essentiels : glucides, lipides et protéines. Elle est très riche en énergie et prépare l’organisme à recevoir les autres aliments. »
Enfin, pour le repas du matin (suhoor), il conseille de privilégier des aliments énergétiques et une bonne hydratation. « Commencez par une boisson chaude, puis prenez du pain avec du beurre ou de la mayonnaise, accompagné d’œufs pour les protéines. Si possible, buvez du jus d’orange pour son apport en vitamine C. Ensuite, mangez des aliments consistants comme du riz avec de la sauce et buvez suffisamment d’eau pour prévenir la déshydratation pendant la journée. »
Dr Ben Youssouf Keïta rappelle enfin que la seule différence entre le Ramadan et les autres périodes de l’année réside dans les horaires des repas. « L’important est de maintenir une alimentation saine et équilibrée, sans excès, pour préserver sa santé. »
Entretien réalisé par Mamadou Macka DIALLO
