A Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat
MEMORANDUM SUR LA GUINEE-TELECOMS.SA (SOTELGUI)
Excellence Monsieur le Président,
Je suis Kaba Mamadi, Ingénieur Diplômé en Technologies des Réseaux Informatiques de l’Université des sciences de Mégrine-Tunisie et en TS-Télécommunications du centre sectoriel de formation de Borj Cédria-Tunisie.
Certifié Spécialiste en Gestion des Projets NTICs à l’université de Laval (Canada), j’ai été consultant au compte des Nations Unies (PNUD-Guinée) en charge de l’Informatisation de la chaine pénale en république de Guinée et Expert-Auditeur en Télécommunications chez TactisIngénierie (France) sur plusieurs projets de Télécommunications en Guinée et dans d’autres Pays africains.
Soucieux autant que Vous, de l’avenir de notre Nation et conscients de l’énorme potentiel du secteur des télécommunications dont la Guinée-Télécom.SA est partie prenante, je viens auprès de votre haute responsabilité soumettre ma réflexion sur ladite entité qui à mon avis pourrait vous aider à mieux la mettre à la bonne disposition de notre chère patrie.
Monsieur le Président, en tant qu’observateur averti du secteur des télécommunications depuis plusieurs années, je vous prie de croire en ma sincérité quand je vous dis que ce mémorandum n’a pour seul objectif que d’aider l’Etat à mieux tirer profit de cette société et par ailleurs éviter des décisions qui pourront l’affecter dans l’avenir.
Excellence Monsieur le Président, sans langue de bois et avec des données authentiques, vous comprendrez ci-dessous l’historique de Guinée-Télécoms et les risques liés à la stratégie de relance (Fusion avec Cellcom) que le Ministère des postes et télécommunications entend mettre en œuvre.
I) Historique de Guinée Télécoms (Ex-Sotelgui)
Après la Fermeture de la Société nationale de téléphonies que possédait la Guinée, pour causes de mauvaises gestions et de bilans financiers déficitaires en 2012, l’Etat guinéen a contracté un prêt de 50 millions $ auprès de la Banque Chinoise « EximBank » en vue de sa modernisation et de sa relance sur le marché de la téléphonie guinéenne en 2015.
Par faute de stratégies adéquates et de fonds disponibles à cet effet, les infrastructures et équipements représentants le cœur des sociétés de télécommunications restèrent inutilisés jusqu’à nos jours. Ce qui par conséquent les rendent inopérables à date. Il est à noter que la durée de vie des équipements actifs de télécommunications est de 3 ans au maximum ce qui logiquement m’amène à confirmer qu’à nos jours les sites de Guinée télécoms.SA sont indisponibles et nécessitent un réinvestissement colossal dans ce sens.
Etat actuel : il est important de comprendre qu’à l’état actuel, Guinée-Télécoms.SA n’existe que juridiquement avec quelques immobilisations incorporelles.
Situation du marché : les derniers rapports annuels disponibles chez l’Autorité de Régulation (ARPT) en disent long sur le fait que pendant les cinq (5) prochaines années il sera difficile voir impossible pour une autre société de pénétrer le marché de la téléphonie et se faire de la place c’est-à-dire des profits.
Par ailleurs, la situation du marché et l’état inactif de la Guinée-Télécom.SA sont et ont été depuis plusieurs années les causes qui ont affecté le lancement officiel de ladite société en plus de la non disposition des investisseurs à investir dans la société.
N’est-il-pas temps de changer de méthodes et de visions à cet effet ?
Les Risques de la stratégie de fusion prévue par le Ministère des télécommunications :
La stratégie de fusion de Guinée-Télécom.SA avec la société Cellcom Guinée est à mon avis risquée et improductive. Cette fusion semble être similaire à la célébration du mariage d’un couple composé d’un mort (Guinée-Télécom.SA) et d’une comateuse (Cellcom). Ci-dessous les problématiques liées à cette stratégie de Fusion :
➢ Fusionner deux entités aux bilans passifs une incohérence or paire : il est important de comprendre que la société Cellcom est à nos jours déficitaires comme l’était la Sotelgui il y a 10 ans. Les actifs actuels de la Société Cellcom représentent 300 milliards GNF contre +600 milliards GNF de passifs dont près de 500 milliards appartenant à l’Etat guinéen en guise de redevances et taxes impayées.
Ces données prouvent à suffisance que cette stratégie de fusion ne pourra produire qu’un effet temporaire de jouissance et ne saurait être pérenne en termes de création d’emplois et de richesses internes.
➢ La prise en charge des passifs et une prise de participation : lors des négociations déjà entamées selon nos informations, la société Cellcom demande une prise en charge de ses passifs par la joint-venture avec prise de participation de 8 à 16% dans les actions. Pourquoi Guinée-Télécom.SA prendra-t-elle les passifs d’une autre société ? alors qu’elle-même s’est débarrassée il y a plusieurs années de ses passifs en les ajoutés au compte de la dette nationale afin de permette à la société d’attirer et rassurer les investisseurs à l’époque.
➢ Risques liés à la concurrence : comme décrit plus haut, il sera difficile pour une nouvelle société de tenir la concurrence actuelle dominée par la société Orange. Pour tenir la concurrence actuelle il faut impérativement : Une couverture propositionnelle à celle des deux premières sociétés, une qualité de services ‘’Qos’’ irréprochable…
Avec plus de 1000 sites disponibles chez Orange-Guinée, et 800 sites disponibles chez MTN, il est important de comprendre que la fusion des sites de Guinée-Télécom.SA et ceux de Cellcom font à peine 300 sites. Avec le coût des investissements liés à cela est-il-opportun de relancer la Guinée-Télécom.SA comme société de téléphonie en cette époque ? La réponse à cette inquiétude se trouve plus bas dans les propositions de solutions décrites dans cet article.
Propositions de Solutions, pour la relance de Guinée-Télécom.SA :
Solution 1 : Saisie de la société Cellcom Guinée par l’Etat
Les données stipulent en effet que la dette de la société Cellcom vis-à-vis de l’Etat guinéen (près de 500 milliards GNF) est largement supérieure à la somme des actifs de ladite société qui représentent (300 milliards GNF). De façon simple, même en cas de liquidation de la société Cellcom, la dette qu’elle doit à l’Etat ne saurait être remboursée dans sa totalité. Par conséquent, la société peut être juridiquement saisie et remise dans le portefeuille de l’Etat.
Solution 2 : Lancement de Guinée-Télécom.SA en tant que société d’infrastructures
A l’image de la Société nationale sénégalaise Sonatel, pourquoi ne pas faire de Guinée-Télécoms.SA, une société d’infrastructures dans les télécommunications ?
Les sociétés comme la GuiLab.SA où l’Etat est actionnaire majoritaire et la Sogeb.SA où l’Etat est 100% actionnaire, sont des projets initiés par l’Ex Sotelgui. Ma proposition stipule la fusion de ces entités au sein de la nouvelle société Guinée-Télécom.SA afin qu’elles puissent agrandir ses actifs pouvant lui permettre de prendre des actions au sein de la Société dominante du secteur et monter à la table de décision de celle-ci.
Mamadi Kaba, Spécialiste en Télécoms et Digitalisation