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Relance de l’hôpital Donka, recrutement massif d’agents de santé, entretien exclusif avec Dr Mandjouf Mauro Sidibé

Après une brillante carrière de 17 ans au sein du corps médical en France, il fut l’un des rares intellectuels a avoir regagné sa Guinée natale. Depuis, le Dr Mandjouf Mauro SIDIBE, 73 ans, calme, méticuleux et redouté pour son franc-parler, mène une vie politique, romancière mais et surtout sanitaire dans laquelle il a décroché de nombreux diplômes et dirigé nombre d’instances tout en y laissant des traces indélébiles à travers la Haute-Guinée notamment.

Dans un entretien exclusif qu’il nous a accordé, ce visionnaire, toujours proactif quand cela s’avère nécessaire, fait le diagnostic des travaux de rénovation de l’hôpital Donka de Conakry et le recrutement de personnels de santé annoncé par le Gouvernement tout en tirant la sonnette d’alarme sur un certain nombre de risques préjudiciables au bon fonctionnement du système sanitaire en général:

Guinee114.com: Bonjour Dr Mandjouf Mauro SIDIBE, dites-nous, de quel œil voyez-vous les travaux de rénovation et d’équipement en cours à l’hôpital Donka ?

L’hôpital Donka avait déjà été rénové en partie en 1995, dont la maternité en totalité. Cette rénovation s’est terminée par un fiasco que comme on peut le constater aujourd’hui. La principale cause est toujours due au manque de personnel compétent et efficace.

Qu’avez vous conseillé à l’époque pour la deuxième rénovation de cet hôpital ?

J’avaisdit à l’époque que pour réussir cette rénovation, nous avons deux ans, le temps des travaux de l’actuelle rénovation pour pallier à cette insuffisance, afin de pouvoir remettre les nouveaux services à un personnel médical et paramédical capable de les faire fonctionner normalement. La formation d’un spécialiste à l’étranger dure quatre à cinq ans selon les pays. Ce qui est possible de faire dans l’urgence, est de recycler pendant ces deux années les spécialistes que nous avons sous la main en attendant la formation de nouveaux au bout de quatre à cinq ans. Pour cela, deux solutions s’imposent, à savoir:

le recyclage sur place d’une partie de nos spécialités dans un hôpital de campagne créé sur place, accessible à toute la population. Par exemple, à la tannerie, à l’endroit où étaient les groupes électrogènes qui alimentaient Conakry avant Kaléta. Je pense qu’Ebola nous a démontré que la réalisation d’une œuvre en préfabriqué peut se faire rapidement.

-Concretement, quels avantages aurait-t-on pu tirer de ces remarques ?

Ces remarques auraient pu avoir un triple avantage:

Primo, il faudrait qu’il ait une mesure d’accompagnement en direction des structures en rénovation, cela pour une meilleure prise en charge des parturientes venant des centres fermés. Elle sera programmée pour faire au moins cinq mille accouchements par an.

Secondo, l’on doit recycler une parie du personnel sur place. Elle doit avoir en plus des salles d’accouchement , un bloc opératoire, de réanimation, de néonatalogie, un labo pharmacie, de transfusion sanguine et un service d’accueil et de samu. Éviter la fuite de nos spécialistes, risque principal de la formation à l’étranger.

Et tertio, il faudrait envoyer le reste de nos spécialistes et ceux qui sont en formation à la découverte de la médecine moderne. Avec Ebola, je pense que nous serons bien compris à l’étranger pour nous faciliter en ce moment de telle entreprise.

En somme, il faut que soit revu complètement le système de formation de nos médecins ; sursoir à la formation des myrtilles et paramédicaux dans les structures privées. Introduire un numerus clasus pour maîtriser le flux afin de pouvoir assurer une formation efficace. Profiter de la conjoncture actuelle pour envoyer beaucoup de médecins en formation à l’étranger .

Le Gouvernement de transition a annoncé un recrutement massif dans maint secteurs dont celui de la santé. Quelle proposition faite-vous à ce niveau ?

A propos du dernier recrutement massif du personnel de santé sur concours, dans la fonction publique, j’attire l’attention de l’autorité sur le fait que cela risque d’être contre-productif. Ces gens mal formés vont alourdir les charges de l’État sans améliorer la qualité des soins. Le nombre de faux dossiers introduits lors de ce concours est prémonitoire. Il faut plutôt créer des postes dans nos hôpitaux. Les recrutements doivent se faire localement sur CV pour éviter le regroupement du personnel dans les grands centres urbains. Les promus doivent être en un premier temps, des contractuels, ne doivent être définitivement embauchés dans la fonction publique qu’après avoir prouvé leur efficacité sur le terrain.

Quel est votre dernier message ?

Je tiens en fin à vous signaler que ces remarques étaient restées lettre morte à l’époque de l’ancien Président [ allusion faite au régime d’Alpha CONDÉ à qui il affirme avoir formulé ces remarques restées sans suite ]. Elles méritent d’être ressorties en ce moment où l’ouverture de Donka demeure encore un défi à relever. J’estime que certaines sont encore pertinentes aujourd’hui et que le Gouvernement en tiendra compte pour le bon fonctionnement de cet unique hôpital de notre pays, dans l’intérêt de nos concitoyens.

Propos recueillis par notre rédaction

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