Responsables de Service de modernisation des systèmes d’information (SMSI) dans les ministères: une reforme menée à bonne fin

C’est une réforme qui ne devrait pas passer inaperçue ! L’arrêté ministériel signé en ce mois d’octobre rose 2024, affectant à chaque ministère, à la Primature et à la Présidence un responsable de service de modernisation des systèmes d’information, est une rectification institutionnelle qui mérite d’être connue de tous pour que chacun puisse témoigner demain. Autrement dit, ces entités de l’administration centrale guinéenne ont désormais en leur sein, un professionnel en charge des services informatiques. Ces fonctionnaires nommés par arrêté du ministère en charge des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique, relèvent dudit département à travers l’Agence nationale de digitalisation de l’Etat (ANDE).

Il n’est plus question que chaque ministère ait son système d’information comme il le veut et le fait gérer par qui il veut. Bientôt la fin des sites internet pour entités publiques, adresses électroniques et autres outils informatiques qui n’ont rien de professionnel et qui affectent la sécurité des données de l’Etat. Cette situation longtemps restée la triste réalité d’une administration en retard par rapport à la révolution numérique, exposait aussi l’Etat à plusieurs risques d’insécurité numérique et à des difficultés d’implémentation d’initiatives allant dans le sens de la modernisation par le biais de l’internet et autres techniques de l’information.

Si le ministère du Budget nomme les DAF qui relèvent de lui et que les contrôleurs financiers relèvent du ministère en charge des Finances, quoi de plus normal et logique que ceux en charge du système d’information des ministères soient sous la tutelle du département en charge des télécommunications. C’est une rectification institutionnelle osée dont le mérite revient d’abord au Général Mamadi Doumbouya puis à sa ministre Rose Pola Pricemou, connue pour ses aptitudes à mener des réformes courageuses. Les autorités actuelles savent tout de même que c’est un programme hérité du régime précèdent, porté à l’époque par Moise Koulibaly, le dernier ministre d’Alpha Condé en charge des télécommunications. L’Etat est une continuité, nous dit-on.

Dorénavant, les responsables des services de modernisation des systèmes d’information émanent du ministère technique en charge des télécommunications, leur travail coordonné et supervisé par l’Agence nationale de modernisation de l’Etat (ANDE). Les prochaines étapes devraient être de mettre de l’ordre, maitriser le parc informatique de l’Etat, uniformiser au maximum les outils informatiques dans nos entités publiques et en assurer la sécurité dans ce contexte de guerre de données. L’Etat a beaucoup à y gagner, même en termes de rationalisation des achats publics d’équipements informatique.

Il faudrait aller plus loin. Si ce n’est pas encore le cas, accorder au ministère en charge de la Communication, la prérogative exclusive de nommer et coordonner les responsables des services de communication et des relations publiques dans les départements ministériels. Ces communicants devraient être des professionnels nommés et placés sous la tutelle du ministère en charge de la Communication à travers la direction nationale en charge de la Communication qui existe bel et bien.

Peut-être même qu’il faut penser dès maintenant à instituer des services protocolaires afin qu’auprès de chaque ministre, il existe un responsable du protocole qui viendrait du ministère des Affaires étrangères. Ceci mettrait fin à un autre désastre dans notre administration publique à savoir l’irruption d’un nouveau type de courtisan. Beaucoup se font appeler protocole du ministre. Souvent, c’est un illustre ignorant du protocole, qui ne maitrise aucune règle de préséance et n’a aucun bagage pour jouer ce si grand rôle auprès d’une haute personnalité.

Nous n’avons rien fait à Dieu pour que notre pays ne ressemble pas aux sociétés les mieux organisées. Il est temps de sortir des sentiers bâtis, oser et accepter les reformes. Même quand elles paraissent douloureuses.

Vive la rectification institutionnelle !

Thierno Amadou M’Bonet Camara

622 10 43 78

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