, ,

Sécurité alimentaire: les autorités ukrainiennes rassurent la Guinée et les autres pays africains…

L’un des faits marquant de la guerre entre la Russie et l’Ukraine demeure encore son impact sur l’exportation de céréales ukrainiennes, notamment le blé et le maïs par la voie maritime. Cette situation a impacté plusieurs pays qui dépendent en partie de cet autre grand grenier du monde. La Guinée y compris. Mais aujourd’hui, l’Ukraine, ayant reconquérir la majorité de ses villes suite à l’invasion russe, a tout un plan pour continuer à exporter ces céréales. C’est du moins ce qui ressort d’échanges avec les autorités portuaires, le Premier ministre Denys Chmyhal et le président Volodymyr Zelensky lors d’une récente visite de journalistes africains à laquelle a participé un journaliste de Guinee114.com.

La guerre russo-ukrainienne a provoqué une flambée des prix des denrées dans beaucoup de pays. En Guinée, l’une des manifestations de la crise qui a en a résulté été la hausse du prix de la baguette de pain de 12% au cours du dernier trimestre 2021. Une aide d’urgence de soixante-neuf (69) millions de dollars a été faite à la Guinée, en novembre 2022, par le Fonds monétaire international (FMI). Ce qui lui a permis de faire, en partie, face à ce choc, en aidant les ménages vulnérables enregistrés notamment par l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES) et le Fonds de développement social et de l’indigence (FDSI).  Mais c’est loin de suffire pour continuer à supporter la crise alimentaire mondiale.

Pour sauver des millions de personnes dépendant des graines ukrainiennes, un accord a été signé en juillet 2022 sous la médiation de l’ONU et de la Turquie. Cet accord a abouti à l’ouverture d’un corridor permettant d’exporter les céréales depuis le port d’Odessa, une ville portuaire ukrainienne sur les rives de la mer noire. A noter que cette ville meurtrie porte encore des séquelles de bombardements dont elle a été la cible.

Concrètement, le gouvernement ukrainien dit avoir exporté plus de trente (32) millions de tonnes de céréales notamment du maïs et du blé durant la validité dudit accord. Mais un an après, en juillet 2023, « quand la Russie a compris que cette initiative fonctionne, elle a trouvé un prétexte pour bloquer ce corridor en sortant des accords signés », regrette le président Volodymyr Zelensky lors d’un entretien de plus d’une heure qu’il nous a accordé à Kiev le 14 novembre 2023.

Sécurité alimentaire: les autorités ukrainiennes rassurent les pays africains…
Le Président Volodymyr Zelensky donnant une interview à des journalistes africains dont un reporter de Guinee114.Com/ Image prise par les services de la Présidence ukrainienne

La conséquence directe de ce retrait de la Russie desdits accords est que la sécurité des navires transportant les céréales n’était plus garantie par les Nations Unies et la Turquie.  Et, se resigner en s’abstenant d’exporter par peur que les navires soient bombardés par la Russie, entrainerait selon le président Zelensky une hausse des prix notamment du blé et du maïs dans l’ordre de 200 à 300 pour cent. Il est convaincu que si son pays cesse d’exporter par la mer noire, cela ferait l’affaire de la Russie car avant la guerre, « certains pays n’achetaient pas les céréales russes en raison du fait que c’est d’une basse qualité ».

 Nous pouvons assurer pour les pays africains le volume nécessaire de céréales

L’Ukraine a continué de faire sortir des céréales à travers ce corridor passant vers la Bulgarie et la Turquie. Pour ce faire, en plus de négocier pour l’assurance des risques notamment auprès de la Grande Bretagne pour les compagnies propriétaires de ces bateaux transportant les céréales ukrainiennes par la mer noire depuis le port d’Odessa, les autorités de Kiev disent avoir anéanti la puissance de l’armée russe dans la mer noire.

Avant la guerre, rappelle le Premier ministre, son pays a produit 107 millions de tonnes de céréales. Cette année, il estime les récoltes à 79 millions de tonnes, ça dépasse la récolte de l’année dernière. La plus grande partie de cette récolte sera utilisée pour la consommation interne et le reste exporté y compris vers l’Afrique.

«Nous avons protégé la côte de la mer noire jusqu’à la Roumanie. Il y a plus de cent (100) bateaux qu’on a envoyés à partir des ports d’Odessa. D’ici la fin de la semaine à venir, on aura cent quarante-deux (142) bateaux parce ce corridor céréalier nouvellement créé, nous avons chassé la marine russe», se félicite le Premier ministre Denys Chmyhal.

«Oui, c’est un peu plus long, oui il y a des difficultés mais nous sommes arrivés au même volume d’exportation. La Russie n’a pas pu bloquer cela. Et, les navires militaires russes sont de moins en moins nombreux dans la mer noire. (..) L’Ukraine, de manière autonome, est parvenue à expulser la marine russe. Il y a juste des avions qui jettent des mines et des bombes autoguidées mais on lutte contre ce danger », mentionne le président Zelensky.

Et d’ajouter : « L’Ukraine a transporté quatre (4) millions de tonnes au cours du premier mois de fonctionnement de ce corridor parallèle. (…) Nous avons voulu montrer au monde que l’Ukraine continue à garantir la sécurité alimentaire. (…) Nous pensons que nous pouvons assurer pour les pays africains le volume nécessaire de céréales mais il faudra communiquer ».

L’après-guerre !

A en croire le Premier ministre, se basant sur des données d’institution de Breton Wood notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, pour reconstruire les territoire libérés (20% du territoire sont encore occupés par les Russes, il faut quatre cent seize (416) milliards de dollars. En plus de son économie qu’elle tente de redresser après avoir perdu 30% de son PIB, l’Ukraine compte sur les avoirs russes zélés et, surtout, l’aide internationale notamment en termes de fourniture d’armes modernes.

«La guerre va prendre fin quand l’Ukraine aura le soutien du monde entier», estime le président Volodymyr Zelensky. Mais même après la guerre, «il faut continuer à garantir la fourniture de céréales et pour nos fermiers et pour les pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe ». C’est pourquoi, il envisage la constructions d’hubs céréaliers dans certains pays notamment en Afrique.

« Nous attendons des réponses des différents pays partenaires. Nous sommes preneurs de toute proposition et prêts à investir dans un hub pareil. Comme ça, on ne dépendra pas des humeurs d’une personne selon que cette personne veut provoquer une famine ou non…Nos diplomates sont en train de discuter de cette question », mentionne-t-il.

Thierno Amadou Camara, de retour d’Ukraine

00224 622 10 43 78

Articles similaires