Chaque publication d’un nouveau bilan laisse imaginer l’ampleur de la catastrophe. Selon les derniers chiffres communiqués dans la soirée du samedi 9 septembre par le ministère de l’intérieur marocain, au moins 2 012 personnes ont péri dans le puissant séisme qui a frappé le centre du pays dans la nuit de vendredi à samedi.
Le tremblement de terre, qui a provoqué d’énormes dégâts et a semé notamment la panique à Marrakech, haut lieu du tourisme, a en outre fait au moins 2 059 blessés, dont 1 404 sont dans un état grave. Le royaume a décrété un deuil national de trois jours, a annoncé le cabinet royal, à l’issue d’une réunion présidée par le roi Mohammed VI consacrée à ce séisme, le plus puissant à frapper le pays à ce jour.
Le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST) a mesuré la magnitude du séisme à 7 (6,8 selon le service sismologique américain), précisant que l’épicentre de la secousse se situait dans la province d’Al Haouz, au sud-ouest de Marrakech.
Dans cette zone, le village de Tafeghaghte, à 60 kilomètres de Marrakech, a été presque entièrement décimé, selon une équipe de l’Agence France-Presse (AFP). Rares sont les bâtisses qui tiennent encore debout, alors que des éléments de l’armée continuaient les recherches de corps ensevelis sous les décombres. Ils ont été nombreux à se rendre au cimetière pour enterrer quelque soixante-dix dépouilles. Les rites funéraires ont été ponctués par des cris et des pleurs.
Des villages entièrement détruits
Les chaînes de télévision marocaines diffusent des images aériennes montrant des villages entiers aux maisons d’argile de la région d’Al Haouz entièrement détruits. La Croix-Rouge internationale a alerté la communauté internationale sur l’importance de l’aide pour le Maroc, évoquant des besoins pour « des mois voire des années ».
Plus de la moitié des morts ont été recensées dans les provinces d’Al Haouz (1 293) et de Taroudant (452), plus au sud, deux zones rurales montagneuses au cœur du Haut Atlas, selon le ministère. « Les autorités publiques sont toujours mobilisées pour accélérer les opérations de secours et d’évacuation des blessés », a-t-il ajouté. L’armée marocaine a déployé « des moyens humains et logistiques importants, aériens et terrestres », ainsi que des équipes de recherche, de sauvetage, et un hôpital de campagne dans la région d’Al Haouz, a rapporté l’agence de presse marocaine MAP.
Dans le village montagneux de Moulay Brahim, des secouristes étaient à la recherche de survivants parmi les décombres de maisons effondrées. Non loin de là, des habitants creusaient déjà des tombes sur une colline pour enterrer les victimes, selon une équipe de l’AFP sur place.
A Marrakech, samedi, des Marocains, l’air hébété, inspectaient les dégâts causés à leur habitation, au milieu des tas de gravats, de la poussière et de voitures écrasées par des pierres. « J’ai été éjecté de mon lit et [je] n’ai pas pu me relever immédiatement tellement les secousses étaient fortes. J’ai cru que c’était un crash d’avion », confie Bernard Curi, patron d’un hôtel situé au sud de Marrakech.
Le centre régional de transfusion sanguine à Marrakech a appelé les habitants à se rendre samedi dans ses locaux pour donner leur sang pour les blessés.
Elan de solidarité internationale
Outre Marrakech, la secousse a été ressentie à Rabat, à Casablanca, à Agadir et à Essaouira, semant la panique parmi la population. De nombreuses personnes sont sorties dans les rues de ces villes, craignant l’effondrement de leurs habitations.
Le drame a suscité un élan de solidarité dans le monde, plusieurs pays, dont Israël, la France, l’Espagne, l’Italie et les Etats-Unis proposant leur aide. Le président français, Emmanuel Macron, s’est dit « bouleversé après le terrible séisme ». « La France se tient prête à aider aux premiers secours », a-t-il ajouté sur X (ex-Twitter), dans le vol qui le menait au sommet du G20 qui a lieu ce week-end à New Delhi. Samedi soir, les dirigeants des vingt-sept pays membres de l’Union européenne ont cosigné une lettre au roi du Maroc, Mohammed VI, se disant « pleinement solidaires » et « prêts à aider de toutes les manières que [le roi jugera] utiles ».
Même l’Algérie voisine, dont les relations avec le royaume chérifien sont houleuses, a annoncé avoir décidé d’ouvrir son espace aérien, fermé depuis septembre 2021, aux vols transportant de l’aide humanitaire et des blessés.
Ce séisme est le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960. Près de 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, avaient alors péri.
Le Monde avec AFP