L’opposant à Macky Sall a été interpellé par la gendarmerie ce vendredi 28 juillet dans la capitale sénégalaise. Il était menacé d’une arrestation depuis sa condamnation à deux ans de prison ferme, le 1er juin.
Cela faisait plusieurs semaines que le Sénégal spéculait sur son arrestation. C’est finalement ce vendredi 28 juillet que l’opposant Ousmane Sonko a été interpellé par les autorités. « Il a bien été arrêté », confirme Ousseynou Ly, le porte-parole des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), à Jeune Afrique.
Vendredi soir, l’opposant était entendu par la Brigade des affaires générales, logée au tribunal de Dakar, en compagnie de ses avocats.
Quelques minutes avant d’être interpellé, l’opposant, qui espère toujours se présenter à l’élection présidentielle de février 2024, postait un message sur les réseaux sociaux. « À mon retour de la prière du vendredi, ce 28 juillet 2023, des agents des renseignements généraux postés devant mon domicile 24 heures sur 24 se sont mis à me filmer. J’ai arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et d’effacer les images qu’elle a prises, ce qu’elle refusa. Présentement, une forte équipe de la gendarmerie fait le guet devant mon domicile, comme vous pouvez le voir, et semble prête à en défoncer la porte… » Il lançait également un appel à ses partisans : « Je demande au peuple de se tenir prêt pour faire face à ces abus sans fin. »
Ousmane Sonko condamné à deux ans de prison ferme
Condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse, l’opposant sénégalais vivait reclus chez lui depuis deux mois. Privé de liberté sans pour autant être arrêté, il demeurait assigné de fait à domicile « pour empêcher les troubles à l’ordre public », selon le gouvernement. Mais les barrières qui bloquaient l’accès à sa résidence depuis des mois avaient été levées lundi. Un dispositif policier plus léger avait néanmoins été maintenu, avait précisé un proche du maire de Ziguinchor.
Violentes manifestations
La décision du gouvernement de laisser Ousmane Sonko en liberté après le verdict prononcé au terme d’un long procès pour « viols et menaces de mort » suscitait jusqu’à présent de nombreuses interrogations. Ce procès avait fait sombrer le pays dans de violentes manifestations qui ont fait une vingtaine de morts.
Ismaïla Madior Fall, le ministre de la Justice, avait indiqué que l’opposant « pouvait être arrêté à tout moment ». « La question de l’arrestation d’Ousmane Sonko dépend du procureur de la République », avait encore insisté le ministre porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, cette semaine.
« Personne n’est au dessus de la loi »
Depuis mars 2021, les manifestations liées aux affaires judiciaires dans lesquelles est empêtré Ousmane Sonko ont causé la mort d’au moins 30 personnes et engendré de lourds dégâts matériels.
« Il n’y aucun homme qui soit au dessus des autres et de la loi. Dans un État de droit, toute personne condamnée doit exécuter sa peine. C’est imparable. Et on y arrivera, faisait cette semaine valoir Seydou Gueye, ministre-conseiller de Macky Sall. L’État ne fait pas preuve de faiblesse mais de responsabilité et de discernement. »
Le principal opposant à Macky Sall avait mis au défi l’État de l’arrêter lors d’un entretien diffusé sur France 24, le 6 juillet. « Je suis très pressé qu’ils aient le courage d’aller au bout de leur logique », avait martelé Ousmane Sonko après avoir réitéré « qu’il n’y aura pas d’élection si, par des combines judiciaires, le président Macky Sall voulait empêcher [s]a candidature. Ou alors [la présidentielle se tiendra] dans un chaos indescriptible ».
Jeuneafrique