Le projet Simandou en Guinée est souvent qualifié de colossal en raison de son ampleur et des retombées économiques attendues pour ce pays d’Afrique de l’Ouest. Prévu pour entrer en exploitation fin 2025, Simandou est destiné à devenir la plus grande mine de fer du monde, avec un potentiel estimé à plus de 8 milliards de tonnes de minerai d’une qualité rare, qualifié de « caviar du fer ».
Le projet, situé au cœur des monts Simandou, dans une région reculée et difficile d’accès, représente un investissement estimé à 20 milliards de dollars, impliquant des infrastructures d’extraction et de transport très coûteuses.
Simandou est géré par un consortium d’entreprises internationales, incluant le groupe anglo-australien Rio Tinto, ainsi que des partenaires chinois et guinéens. Les défis logistiques sont d’envergure : il s’agit non seulement d’exploiter le minerai, mais aussi de construire un réseau ferroviaire de plus de 600 km pour relier la mine aux côtes atlantiques. Cette infrastructure est indispensable pour transporter le minerai vers le port en eaux profondes de Moribayah, qui doit être aménagé spécifiquement pour accueillir les navires cargo de grandes capacités
Le projet Simandou a une histoire mouvementée. Initié en 1997, il a rencontré divers obstacles : blocages juridiques, allégations de corruption, changements de gouvernement en Guinée et, plus récemment, des négociations complexes entre les parties prenantes. L’implication de l’État guinéen dans la gouvernance du projet, notamment avec le soutien de partenaires comme le groupe français Egis, a permis de renforcer les capacités locales et de faire avancer les travaux malgré les défis. En 2023, un audit a été mené pour évaluer l’avancement des travaux, une démarche cruciale pour éviter les retards et garantir que le calendrier sera respecté.
Les retombées économiques de Simandou pourraient être historiques pour la Guinée, l’un des pays les plus pauvres du monde. Le gouvernement guinéen espère que ce projet contribuera significativement à l’industrialisation et au développement des infrastructures. Dans cette optique, le programme « Simandou 2040 » a été lancé avec des objectifs ambitieux basés sur cinq piliers : le développement économique, la transformation sociale, la protection de l’environnement, la gouvernance transparente et la promotion d’une économie inclusive et durable.
La Guinée souhaite que Simandou soit plus qu’une simple mine : il doit devenir un levier de croissance et un modèle de développement durable. Les revenus attendus devraient financer des projets dans l’éducation, la santé et les infrastructures, en permettant au pays de réduire sa dépendance à l’aide internationale.
Ce projet attire également l’attention des acteurs internationaux, car il représente une source majeure de fer sur le marché mondial, à un moment où la demande pour ce minerai reste élevée, notamment en raison des besoins de l’industrie sidérurgique chinoise. La qualité exceptionnelle du minerai de Simandou lui confère un avantage concurrentiel par rapport à d’autres sources mondiales.
Ainsi, le projet Simandou illustre le potentiel minier de la Guinée tout en mettant en lumière les défis de la gouvernance et du développement durable dans le secteur extractif. La réussite de Simandou pourrait non seulement transformer l’économie guinéenne mais aussi servir de modèle pour d’autres projets extractifs en Afrique.
Aboubacar Moussa Camara 622 42 41 87