Sommet Afrique-France: un universitaire s’interroge sur la «nouvelle formule» et propose…

‘’Jeunesse et société civile à l’honneur’’ voilà la nouvelle trouvaille de la France pour redorer son image et assurer son avenir en Afrique. A la méthode des sommets Afrique-France impliquant les gouvernements, Macron offre une approche nouvelle mettant à l’honneur les jeunes et les sociétés civiles du continent.

A la jeunesse africaine, nouvel enjeu des relations Afrique-France, la participation à ce sommet ne doit nullement être perçue  comme un trophée de guerre, mais comme un instant de vérité car au-delà de toute la bonne volonté affichée par le président français, on est tenté  d’affirmer que ‘’l’empire ne souhaite pas mourir’’ et qu’il cherche à surfer sur la jeunesse africaine pour sécuriser son avenir sur le continent.

Et, face à cette nouvelle formule, il y a lieu de s’interroger sur les réelles motivations de la diplomatie française. L’état des lieux actuel fait augurer un futur sombre de cette diplomatie sur le continent.

Le constat :

  • Crise diplomatique avec l’Algérie entrainant interdiction des avions militaires français de survol de l’espace aérien algérien ;
  • Discours virulent du premier ministre malien à la tribune des nations unies et volonté affichée de se trouver de nouveaux partenaires notamment russes ;
  • Rôle de premier plan joué par la Russie dans la crise politico-militaire en Centrafrique ;
  • Tension liée au problème relatif à la restitution des biens spoliés pendant la conquête coloniale, avec le Benin ;
  • Priorité accordée aux entreprises chinoises dans les grands projets miniers et d’infrastructure en Guinée et dans la plupart des Etats africains.

Bref, à tous les niveaux, on note un réel recul de l’influence française sur le continent. Le système de pré-carré forgé après les indépendances s’effrite chaque jour un peu plus.

Pour des relations plus saines et durables, la France devra tenir compte de ces quelques recommandations :

  • Présentation officielle d’excuses publiques pour les torts causés au peuple africain pendant les dures périodes de la colonisation ;
  • A court terme, rebaptiser le musée du Quai Branly Jacques Chirac en musée de la mémoire de l’esclavage et de la colonisation ;
  • A moins terme, opérer la restitution des œuvres spoliées pendant les conquêtes coloniales ;
  • Organiser les sommets Afrique-France sur le continent africain ;
  • Créer sur le sol français un mémorial de l’esclavage et de la colonisation ;
  • Mettre fin de manière effective, à toute vision paternaliste dans les rapports avec le continent ;
  • Instaurer un partenariat mutuellement avantageux ;
  • Accepter l’idée que l’Afrique est ouverte à tous et qu’elle n’est la chasse gardée d’aucune ‘’puissance’’.

La France et l’Afrique sont intimement liées par l’histoire, c’est une évidence. Donc il leur revient simplement de trouver le meilleur moyen leur permettant d’ajuster leurs intérêts nationaux concurrents.

Dym Yacine

Chargé de cours de relations internationales et d’histoire du panafricanisme à l’Université Kofi Annan de Guinée

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