La sanction infligée au site d’informations Depecheguinee et à son directeur de publication, Abdoul Latif Diallo, ne passe pas au sein du syndicat de la presse professionnelle de Guinée. Le SPPG a déposé un recours gracieux, ce mardi 19 septembre 2023, pour contester la décision de la Haute Autorité de la Communication, suspendant le journaliste et son média pour un mois. La structure syndicale dit avoir décelé beaucoup de manquements à la loi dans ladite décision.
« Nous avons relevé des vices de forme et des vices de fond. Sur la forme, il se trouve que la HAC a pris une décision sans pour autant aller jusqu’au bout de la procédure. Elle s’est limitée à écouter les deux parties alors qu’elle devait les inviter également à une confrontation pour respecter le principe du contradictoire. Sans cette confrontation, on ne peut pas trouver la vérité. Donc Latif a été privé du droit à une défense régulière et complète. Nous avons trouvé aussi que la HAC a cité le code de bonne conduite des journalistes dans sa décision. Quand vous consultez la L002 dans ses articles 40 et 53 et l’article 52 de la L010, la loi qui régule le fonctionnement de la HAC, le législateur a clairement dit que la HAC ne peut pas sanctionner s’il ne s’agit pas du non-respect des dispositions de la loi. Et le code de bonne conduite des journalistes guinéens n’est pas une loi, c’est un texte qu’on a élaboré entre nous journalistes.
À voir aussi le fond du dossier, vous vous rendrez compte que la HAC a pris une décision totalement disproportionnée puisqu’elle a prononcé une suspension, alors qu’en ce qui concerne la diffamation en République de Guinée, la suspension est exclue. Ce sont des amendes qu’on peut prononcer si on est devant la justice et si c’est au niveau de la HAC, on ne peut se limiter qu’à un avertissement ou blâme. La suspension n’intervient que dans le cas où la personne diffamée l’a été en raison de son appartenance ethnique. Et ce n’est pas le cas. Et même à ce niveau, il faudrait qu’il y ait récidive aussi. Et lui, il est à sa toute première convocation devant la HAC », a expliqué Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG, ajoutant que le recours gracieux vise à amener la HAC « à rectifier le tir elle-même pour ne pas qu’une autre entité l’oblige à le faire ».
Au cas où la Haute Autorité de la Communication ne donnerait pas une suite favorable à cette démarche, le SPPG annonce qu’il n’exclut pas de saisir la Cour suprême d’un recours pour excès de pouvoirs. Lors d’une conférence de presse animée la semaine dernière, le REMIGUI, organisation professionnelle dont est membre le site Depecheguinee, avait également annoncé l’éventualité de saisir la Cour suprême pour contester cette décision de la HAC.
Diop Ramatoulaye
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