Témoignage émouvant sur le parcours de feu El Hadj Biro Kanté

C’est par une radio privée de Conakry que j’ai appris le décès d’El Hadj Biro Kanté, décès survenu ce mardi 29 juin 2021 à 1h du matin dans une clinique au Maroc. Je sais personnellement qu’il séjournait depuis plusieurs mois au Maroc en compagnie de son épouse malade.

Cette disparition brutale d’El Hadj Biro me touche profondément. J’ai connu l’homme pour l’avoir côtoyé à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) où il a servi en qualité de Commissaire de 2007 à 2012. Je l’ai davantage approché en 2010 lors des préparatifs de la présidentielle pendant que je l’accompagnais comme Assistant dans les régions administratives de Labé et de Mamou.

J’ai pu découvrir, à travers de longues causeries, plusieurs épisodes de sa carrière administrative et politique. Né en 1928, il fera de brèves études avant d’embrasser la carrière de commis expéditionnaire à Conakry puis dans le cercle de Beyla. C’est dans cette ville qu’il travaillera jusqu’à l’indépendance de la Guinée et c’est là qu’il se mariera et fera ses premiers enfants. Sa fille aînée, m’a-t-il dit, est née en 1949.

A Beyla, El Hadj Biro s’est distingué très tôt comme l’un des grands combattants de la lutte anti-coloniale. Il sera le premier Maire de cette commune et plus tard il deviendra tour à tour Directeur de cabinet (N’Zérékoré), Gouverneur de région  (Kouroussa, Labé, Fria), Ambassadeur de Guinée en Roumanie.  Son long séjour à Beyla lui a permis de connaître tous les chefs de canton du cercle d’alors, ces chefs avec qui il avait croisé le fer à plusieurs reprise car il ne reculait devant rien. Il parlait à livre ouvert de Beyla, de ses populations, de ses us et coutumes. 

La longévité de l’homme lui aura donné de vivre tous les régimes politiques de la période coloniale à nos jours en passant par les première et deuxième Républiques. Ce compagnon de l’indépendance nous quitte en emportant avec lui l’immense savoir qu’il avait du pays.  Amadou Hampaté Bâ avait raison de dire qu’« En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » 

Repose en paix, El Hadj Biro !

  Walaoulou BILIVOGUI

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