Quelqu’un qui se sépare de vous n’est pas un ennemi. C’est un corps qui prend conscience de la stagnation de la matière, une puissance qui écarte les paupières pour constater allers-retours et atermoiements, hésitations et funambulismes périlleux pour ceux au nom desquels on conduit le navire.
Depuis quelques jours, une rencontre a foutu de l’essence sur la toile et craqué une allumette. La flamme s’est élevée jusqu’à charrier la barbe fournie de Dieu qui pionçait, le vieux croulant, rêvassant tranquille du châtiment qu’il allait infliger aux Diallo-Camara rejetons de Cheitane qui ne font pas ramadan. Tout ça parce que le Colosse a serré la pince à deux trois mecs qu’il a invités à bavarder autour d’un djindjan. On fait tout un tintamarre au point de se fendre d’un communiqué pour hurler haro. On dit : « héee ce n’est pas nous qui les avons envoyés là-bas, go. Ahan !! Nous, on ne va pas là-bas sans un bon masque et un super gel. Paskéma le Colosse est infecté du virus du dialogue. Et nous on préfère les monologues. On préfère les litanies. Les arguties. On préfère les soliloques pour se dire que nous on a plus jolis bazins, nous on a dentifrices vrai-vrai Colgate, nous on a plus jolies toilettes avec plus jolis trônes pour faire… ». Quoi ? Vous n’allez pas croquer votre Mamou-gbëngbë dans ma caboche !
Hé kéla ! Chaque fois que quelqu’un se barre, ils préfèrent rugir que ce sont eux qui ont fait des partants ce que ceux-ci sont devenus. Que sans eux, ceux-là ne sont rien, oubliant ce que les « félons » ont participé à bâtir : en formant de grandes gueules pour les radios et tes réseaux sociaux ; grands avocats s’égosillant dans les médias qu’ils sont les meilleurs, qu’ils n’ont jamais fait de mal contre ce pays et qu’ils ne lui veulent que du bien, à la patrie. Hauts perchés sur des capots micros à la main, bouffant gaz lacrymo et échappant à des balles que des innocents eux, n’ont pas pu, su éviter ; abandonnant carrière et vie de famille pour se consacrer exclusivement au combat, alors qu’au même moment ceux qui se présentent comme les fidèles travaillent avec un compte bancaire régulièrement approvisionnés. Voici les traîtres, petits corrompus, minuscules vendus qui ont baissé leur froc pour offrir la croupe au plus offrant.
Au lieu de chercher les raisons qui amènent leurs fameux renégats à sauter par-dessus-bord, pour attraper une main tendue d’un autre navire, ils vilipendent. Ils crachent. Ils remettent en question des années de collaboration et de loyauté.
Bon, on n’a qu’à se dire gbës, vrai-vrai-gbës… parce que piment-là, ça rougit les yeux, mais ça les crève pas : Dans les salons huppés et les hôtels dorés, abondent les verbes qui condamnent, les rhétoriques qui salissent, ignorant que tout ceci c’est de la pisse et de ma merde de chat ; ça n’a pas d’odeur et c’est aussi consistant que le pet matinal d’une grand-mère qui a bouffé du lafidi la veille avant d’aller au lit. L’argument principal des détracteurs… oups ! mon clavier a failli écrire DÉTRAQUÉS… Donc, l’argument : la conviction ou plutôt l’absence de conviction.
Parlons justement de conviction. Le Robert le définit comme un : « État d’esprit de quelqu’un qui croit fermement à la vérité de ce qu’il pense ; certitude ». Croire à la vérité ce qu’on pense. Pas la vérité en une personne particulière ou une chose spécifique, ou un fait précisément. Tu captes ? Bon, si ta noix de coco n’est pas remplie de Mayonnaise Bama, forcément tu captes net ! Donc, on peut avoir la conviction d’une chose aujourd’hui et ne pas avoir la même demain. Parce que des éléments nouveaux (justifiés ou non pour certains, pas pour d’autres) sont apparus qui modifient ou font évoluer notre perception du réel. Je n’ai pas envie d’être trop détrousseur de slip, mais bon citons quand même le rastapoe de Baby de Nana. Le Blond-dit : « Tout change. Tout évolue. Seuls les imbéciles ne changent pas ». Entendons-nous bien. Je ne veux arracher le slibard de quelqu’un. Je n’ai pas dit non plus que quelqu’un est imbécile. Mais moi, je ne veux pas en être un. Parce que je veux garder ma ceinture bien attachée et mon calcif bien serré. On ne sait jamais. Si un fou passait par là et qu’il lui venait une envie soudaine de soupeser les bijoux de famille des gens…
Quelques semaines avant la prise de responsabilité du CNRD, de retour d’exil, j’avais décidé de mettre fin définitivement à mon engagement politique dans un parti. Je l’ai fait publiquement après échanges avec le Président de l’organisation. Quelques semaines après, c’est un ami qui a appuyé sur le bouton « pause » pour faire le point sur la musique qu’il entendait et le cinoche qu’il regardait depuis plus de dix ans. Wallaye on nous pas raté hein. Ils ont pris un couteau dont le tranchant est plus tranchant que les « Tranchantes de Thiâ’nguel » et ils se sont mis à traquer son fichu index au garnement qui avait osé enfoncer ce foutou bouton « pause ». Mais aujourd’hui encore, ils cherchent son doigt au petit chenapan. Quant à moi, moi, mon français, c’est du chinois pour eux. Ça picote dans les feuilles qui leur servent d’oreille et ça clamse au fin fond de leurs tripes. Ils n’ont pas le temps ou plutôt leurs ventres n’est pas assez remplis de toori pour réussir à soulever et feuilleter le Dico qui leur permettrait de déchiffrer mes hiéroglyphes.
Pour revenir à nos derniers visiteurs de Mohamed V, répondant à l’invitation de la première autorité du pays, ceux-ci sont à la lisière du grill de l’inquisition. Les inquisiteurs talibés du Guide sont désormais guindés de sourates méprisantes et ils ont ouvert le tribunal chevillé à la seule conviction que ce sont toujours eux, toujours, qui ont raison. Un conseil aux nouveaux traitres. Vous pouvez passer chez nous. On vous offre gratis le poopaa de vendus, pour bien vous creuser le bide. Parce que, croyez-moi, ils vous rempliront la panse de toutes sortes de vocables merdeux. Et peut-être qu’on vous aidera à en ingurgiter.
Lorsque les insectes succulents se font frire ensemble, ils n’ont aucun intérêt à se foutre des coups de pattes. On va aussi vous aider à poser de bonnes putains de crotte sur les palpitations verbales fantaisistes des monologueurs et garder la porte ouverte au Colosse pour faire avancer ce pays. Puisqu’en fin de compte : pourquoi s’engage-t-on en politique ? Le rêve, la volonté de servir son pays, assurément. Et voici une vérité tangible : Il y a d’un côté un homme qui cherche le pouvoir depuis plus de quinze ans. On précise bien que sa persévérance n’est pas mise en cause. Il cherche le pouvoir depuis un moment au nom d’un projet de société dans la mise en œuvre duquel il est prévu que tu prennes part. En attendant ce pouvoir hypothétique, un autre homme a ce pouvoir. Il te dit : « Viens voir. Le rêve que tu as de participer au développement de notre pays, de transformation positive de notre pays, ce rêve-là, je t’offre la possibilité de le réaliser. Là. Tout de suite. Maintenant. Alors qu’en dis-tu ? »
Alors, toi, toi-même qui me lis-là, toi-là-même : QU’EN DIS-TU ?
Souleymane Thiâ’nguel BAH