TPI de Dixinn: Réactions des avocats après le renvoi de l’affaire Thierno Mamadou Diallo

Plusieurs mois après les faits, le procès du présumé auteur du meurtre du jeune élève, Thierno Mamadou Diallo, le 1er juin 2022 à Hamdallaye dans la commune de Ratoma lors d’une manifestation contre la hausse du prix du carburant s’est ouvert au tribunal criminel de Dixinn ce lundi, 30 janvier 2023. 

 
Au cours des débats, l’accusé a rejeté en bloc les faits articulés contre lui. II dit avoir fait des tires de sommation mais à l’air pour disperser les manifestants qui, selon lui, les avaient encerclés en tenant en main des gourdins, pierres et projectiles.
 
Au sortir de l’audience, maître Thierno Souleymane Baldé, avocat de la partie civile, a tout d’abord déploré la déclaration de l’adjudant-chef par rapport au maintien d’ordre effectué à la demande de leur hiérarchie avec des armes non conventionnelles, avant de solliciter la comparution de ces chefs.
«Je tiens à préciser qu’il y a une chose que nous déplorons énormément. Il vous a dit ici publiquement qu’on les a demandé d’aller effectuer une opération de maintien d’ordre public avec des armes létales. Ils sont envoyés pas pour disperser des manifestants mais pour tuer. Vous ne pouvez pas envoyer des officiers de police judiciaire, des gens de maintien d’ordre public sur le terrain et ne disposent pas de bombes lacrymogènes, ils ne disposent pas de matraques, ils vont avec des armes PMAK et vous attendez à ce qu’il n’y ait pas de mort, c’est pas possible. On sait au niveau de la commune de Ratoma pendant le régime de Monsieur Alpha Condé, il y a eu plus de deux cent soixante jeunes qui ont été assassinés. À un moment donné, il faut que ça s’arrête. Donc, nous nous tenons à ce que les supérieurs hiérarchiques puissent venir et s’expliquer pour quelle raison ou pour quelle motif ils ont envoyé des gens qui disposent des armes létales pour maintenir l’ordre public. C’est vraiment important en ce qui nous concerne. (…) 
 
En ce qui concerne les faits en tant que tels, n’oubliez pas, ils étaient au nombre de cinq (5) dans le pickup et il vous a dit, il était le seul à avoir effectué des tires au moment des faits là où Thierno Mamadou Diallo a été tué. Et au-delà, vous savez il y a les tires verticales et puis les tires horizontales. Vous ne pouvez pas effectuer des tires horizontales sans pour autant qu’il y ait de mort, c’est pas possible. Donc, c’est fait volontairement et et sciemment. Si effectivement il savait qu’en tirant sur Thierno Mamadou Diallo ça allait avoir des conséquences, même si ses supérieurs avaient donné, quelque soit la nature des ordres, il n’aurait jamais obéi puisqu’on le dis
: aucune personne n’est disposée ou n’est autorisée à accepter un ordre manifestement illégal», a indiqué maître Thierno Souleymane Baldé.
 
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De son côté, l’avocat de l’adjudant-chef Moriba Camara qui estime que le parquet n’a pas d’éléments pour attribuer le meurtre du jeune Thierno Mamadou à son client, n’a pas manqué de fustiger le rapport délivré par la police scientifique, qui accable son client.
«Le parquet n’a aucun élément pour attribuer ce meurtre à Monsieur Moriba. Monsieur Moriba a été requis légalement pour aller faire le maintien d’ordre à Hamdallaye et c’était la nuit. Les gens viennent, ce n’étaient pas des manifestants. Un groupe de personnes vient armé en armes blanches comme il l’a dit avec des machettes, des lances pierre, des cailloux et autres, ils viennent pour les disperser et enlever des barricades. Du coup, ils font des tires de sommation en nombre important. En fait, c’était une équipe de deux pickups, chacun fait des tires de sommation après ils quittent. Deux jours plus tard, on apprend qu’un jeune est décédé et ce jeune où est-ce qu’il est décédé? Apparemment que c’était dans un cyber. Des tires verticaux, ce sont des tires qu’on fait à l’air verticalement. Il a démontré ici que lorsqu’on fait des tires comme ça, la balle monte jusqu’à près d’un (1) kilomètre, minimum huit cent mètres en haut ça redescend et quand redescend elle ne peut même pas tuer une mouche. Comment se fait-il qu’une telle balle peut perforer le toit, les plafonds, descend dans un bâtiment et donné la mort à quelqu’un? C’est quand même compliqué. 
 
J’ai compris d’ailleurs que l’instruction n’a pas été assez sérieuse parce qu’il y a un rapport délivré par la police scientifique. La police scientifique ne s’est même pas rapprochée le lieu où le jeune a trouvé la mort et l’endroit où il y a eu des différents tires. Mais c’est pas possible comment l’on peut donner du crédit à de tel rapport? Il y aurait dû avoir des perquisitions, de transport sur le lieu pour au moins confronter à la personne accusée l’endroit précis où il y a eu des tires et la position où le jeune a eu la mort. Donc, j’estime d’ailleurs que ça été quelque chose de très bâclée. Mais avec la formation de jugement, on va avoir tout le temps de faire le rapprochement des différentes positions», a expliqué Me Kabinet Kourala Keïta, avocat de la défense.
 
À rappeler que le tribunal a renvoyé l’affaire au 13 février à venir pour la suite des débats.
 
Mamadou Macka Diallo
666 660 366

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