, ,

TPI de Mafanco : Un juriste poursuivi pour usurpation de titre

Souleymane Sidibé, se faisant passer pour un avocat inscrit au barreau de Guinée, a été jugé jeudi dernier devant le tribunal correctionnel de Mafanco. Ce membre du bureau exécutif du collectif dénonçant les irrégularités lors du concours du CAPA session 2022 est poursuivi par le bureau pour usurpation de titre.

Dès l’ouverture de l’audience, le président du tribunal a appelé l’accusé à la barre. Après s’être présenté, l’accusé a confirmé son identité, puis a contesté la qualité du requérant avant de faire savoir au président du tribunal qu’il souhaitait être éclairé sur trois points :

L’identité de la personne qui le poursuit : est-ce le Barreau ou le bâtonnier ?

Les avocats du requérant ont-ils déposé leur constitution en bonne et due forme ?

Le bâtonnier a-t-il eu l’autorisation du Barreau ? Car, selon lui, pour qu’un bâtonnier puisse engager une poursuite, il doit être autorisé par le Barreau.

Reprenant la parole, le président du tribunal, Mohamed Sangaré, a indiqué à l’accusé qu’il n’était pas en droit de poser des questions avant de lui demander s’il reconnaissait les faits qui lui étaient reprochés.

« Ce n’est pas vrai », a répondu Souleymane Sidibé, précisant :

« Je ne suis pas encore avocat, je suis avocat en attente. Je n’ai jamais reçu de client. Je suis dans le cabinet de maître Amadou Kamano, et je suis là-bas en qualité de juriste. Sur mandat du cabinet, je peux représenter un justiciable dans les commissariats et dans les tribunaux. »

Plus tard, des pièces ont été présentées par le président du tribunal, où l’on pouvait voir une photo du prévenu habillé en veste avec une robe en main. À la question du président de savoir si le prévenu reconnaissait ces photos, il a répondu par l’affirmative.

« À qui appartient cette robe que vous tenez dans votre main ? », a ensuite demandé le président.

L’accusé a répondu : « La robe appartient à maître Kamano. »

Le juge a ajouté : « Sur une photo publiée sur le réseau social Facebook, vous avez écrit « Souleymane Sidibé, avocat inscrit au barreau ». »

L’accusé a rétorqué : « Je ne suis pas avocat inscrit au barreau de Guinée. J’ai écrit sur l’une de mes publications « Souleymane Sidibé, avocat au barreau » et je trouve cela normal. Dans ce dossier, il ne s’agit que d’un règlement de comptes. »

Face à une avalanche de questions du ministère public, l’accusé a sollicité un renvoi de l’affaire afin de pouvoir constituer un avocat pour sa défense. Le représentant de la société et l’avocat de la partie civile n’ont pas trouvé d’objection, mais maître Bernard Saa Dissí Millimono, avocat de la partie civile, a demandé au tribunal de prendre acte du fait qu’ils étaient déjà dans le fond du dossier.

Finalement, le président du tribunal a pris acte de la demande de l’avocat de la partie civile et a renvoyé l’affaire au 19 décembre 2024, à la demande du prévenu, afin de mieux assurer sa défense.

Aliou Diaguissa Sow

Articles similaires