Transition: la coalition de Mamadou Sylla prévient la junte (Déclaration)

Depuis la prise du pouvoir par le CNRD, force est de constater que du travail a été accompli avec la nomination d’un PM, la constitution du gouvernement et des cabinets ministériels, une réorganisation au sein de l’armée, de la police, de la gendarmerie, de la douane et de la fonction publique, dans l’attente de l’enrôlement des jeunes promis par le président de la transition.

Mais le peuple est toujours dans l’attente de la mise en place du CNT, de la publication du chronogramme, de la feuille de route et du délai de la transition, après que le Président de la transition ait dévoilé l’agenda ci-après :

1         La rédaction d’une nouvelle constitution qui prendra en compte l’ensemble des préoccupations des Guinéens.

2         Les audits sur la gestion antérieure du pays pour lutter contre la corruption et renforcer la réconciliation nationale.

3         Le recensement intégral pour réformer le système électoral et la refonte du fichier.

4        La refondation de l’Etat à travers la mise en place d’institutions fortes.

5         L’organisation des élections locales, législatives et présidentielles pour boucler la transition.

Cependant, la réussite de la transition espérée par l’écrasante majorité du peuple de Guinée se mesure par la brièveté de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel, pour épargner au pays déjà exsangue, les risques de tensions internes, l’enlisement et les sanctions coercitives de la Communauté Internationale, sans compter les conséquences économiques désastreuses sur la dette intérieure, faute d’investissements étrangers.

Sur ce point précis nous proposons que la prochaine constitution, à l’instar de nombreux pays, fixe une date unique pour la tenue des élections, afin de nous épargner le glissement de calendriers électoraux que nous avons connus par le passé. Les élections devraient se tenir à date.

Le 60ème sommet de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vient de livrer son verdict le dimanche 12 décembre 2021.

Il s’est réjoui, à l’instar de la quasi-totalité des guinéens, du transfèrement du Président Alpha Condé à son domicile et de la promesse de la mise en place rapide du CNT. Mais il reste inébranlable quant au délai des 6 mois et les sanctions déjà en cours.

Il est impérieux de décliner une période calendaire pour chaque étape devant nous conduire au retour à l’ordre constitutionnel, même si nous devons dépasser légèrement le délai fixé par la CEDEAO, au sortir de la période de grâce déjà bouclée de 3 mois.

Car, nonobstant la pression pour raccourcir le temps de la transition, il est important de veiller à ce que la réalisation de certains actes majeurs et fondamentaux pour le devenir de notre pays ne soient pas sacrifiés sur l’autel de la précipitation, afin d’éviter une instabilité préjudiciable au développement socioéconomique du pays.

Sous peine de compromettre dangereusement les efforts et les succès escomptés, la CORED propose ce qui suit :

1 – Mettre en place une équipe pluridisciplinaire chargée d’amender la constitution de 2010 et la réactualiser pour la soumettre au référendum populaire.

2 – Effectuer le toilettage du fichier actuel par le passage des ayants droit devant les démembrements. Ensuite écraser les données non renseignées pour avoir un fichier propre. Enfin, ouvrir l’enrôlement à ceux qui ne figureraient sur les listes affichées et les citoyens en droit de voter en Guinée et à l’extérieur.

Le recensement général de la population est sans doute nécessaire et utile, mais il doit être remis à plus tard dans le cas d’espèce. Le fichier actuel serait maitrisé jusqu’au niveau du district et du quartier. Il resterait à le faire au niveau des familles.

3 – Les élections étant programmées de la base au sommet, coupler les Communales avec les Législatives et organiser la Présidentielle dans la foulée selon les délais impartis.

4 – Le CNRD n’a pas vocation ni la mission de lancer des programmes de développement. Il doit baliser le terrain pour les prochains dirigeants en matière de refondation de l’Etat, de la moralisation de la vie publique, de la protection de la fortune publique et de l’environnement très mal en point.

L’ICP estime que c’est une bonne base de discussion qui nous éviterait l’enlisement, les sanctions et l’inconnu.

Nous estimons qu’il faut éviter un conflit d’intérêt en demandant aux membres du CNT de fixer les termes de leur contrat à durée déterminée.

Aussi, il revient au CNRD de fixer le délai de la transition, en associant la classe politique et le CNT.

L’ICP espère une oreille attentive auprès des autorités afin d’aller dans le sens d’une transition apaisée et réussie.

A Conakry le 16 décembre 2021

Articles similaires