Transition: les observations du président du Parlement des jeunes leaders de la société civile (Interview)

La nomination des membres du CNT (conseil national de la transition), l’annonce d’un recensement général de la population par le président de la transition et la sortie de Cellou Dalein à l’occasion de la première assemblée générale de son parti après la réouverture de ses locaux, sont entre autres point auxquels a réagi le président du parlement des jeunes leaders de la société civile de Guinée. Abdourahamane Bah, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a largement commenté ces différentes questions au cours d’une interview qu’il nous a accordée ce lundi, 31 janvier 2022.

 Qu’elle est votre réaction après la mise en place du CNT par le président de la transition ?
 Je pense que c’est tout à fait normal. Les Guinéens ont attendu la mise en place du CNT. Et pratiquement les partenaires de la Guinée ont, depuis le 05 septembre 2021, exigé la mise en place des institutions qui vont favoriser le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Ce que nous déplorons dans la mise en place du CNT, c’est le copinage qui a caractérisé le choix des ressources humaines au sein du CNT et la volonté manifeste d’exclure une certaine catégorie socio-politique du pays. Vous avez suivi la réaction d’Elhadj Cellou Dalein Diallo lors de la dernière assemblée qui s’est tenue à son siège. Je crois que des partis politiques regroupés au sein de l’ANAD ne sont pas pratiquement satisfaits. Je crois qu’il faut faire très attention dans le choix des hommes par cooptation.
 
Docteur Dansa Kourouma a été nommé président du CNT. Que pensez-vous de ce choix ?
Le problème ce n’est pas Dansa lui-même. Le problème c’est la nécessité pour les membres dans leur ensemble qui constituent désormais le CNT de se mettre au service de la Guinée, de ne servir que la Guinée. Je crois que Dansa Kourouma, vous avez suivi la réaction de l’opinion, les gens n’ont pas un problème avec lui. Le problème est que les gens ont des doutes. Ce que nous devons faire, acteurs de la société civile, une fois à la tête des institutions aussi stratégiques pour notre nation, c’est de mériter la confiance du peuple en agissant rien que pour le peuple.
Et certains pensent que Dansa agit en clan. C’est ce qui s’est passé dans le choix des gens et je pense que le Colonel Doumbouya est en train de payer le prix. Parce qu’aujourd’hui, je crois que s’il regarde la télé ou les réseaux sociaux, il semble s’être tiré une balle sur les pieds. Alors ce qu’il faut faire, c’est de travailler dans l’intérêt de la Guinée et de travailler à refuser que la transition soit une transition démagogique qui va tenter d’exclure une certaine catégorie d’acteurs socio-politiques. 
 
Au cours de cette même assemblée générale de l’UFDG dont avez palé, Cellou Dalein a aussi mis en garde contre toute tentative d’exclusion de certains politiques sur la base du critère âge pour les échéances électorales à venir. Quel est votre avis? 
 
 Moi je pense que ce sont les mêmes personnes qui avaient dit à Alpha de ne pas quitter, qui l’ont aidé pour le troisième mandat, ce sont ces mêmes personnes qui se sont retrouvées autour du Colonel Doumbouya et ce sont les mêmes qui veulent initier ce débat d’exclusion d’une certaine catégorie des Guinéens. Il n’appartient pas à des Guinéens assis dans des bureaux climatisés d’exclure tel ou tel candidat. Çà ça sera une menace contre la stabilité de notre pays. Je pense qu’il revient au CNRD et à l’ensemble des institutions qui seront mises en place d’organiser très rapidement des élections libres, crédibles, transparentes et qui permettront au peuple de Guinée de choisir ses dirigeants.
Je pense que vouloir exclure des gens sur la base de l’âge, sur le simple critère de l’âge, est une volonté manifeste de servir un agenda caché. La jeunesse guinéenne n’a pas besoin d’être aidée de ce point de vue. Vous avez suivi l’actualité au Sénégal. Je pense que Sonko n’a pas attendu que Maître Abdoulaye Wade soit exclu pour qu’il soit ce qu’il est aujourd’hui. Je pense que ce la jeunesse guinéenne doit faire c’est de travailler à mériter la confiance du peuple. Mais c’est dans les urnes qu’on doit départager les candidats.
 
Pour finir, le président de la transition, lors du dernier conseil des ministres, a annoncé le recensement général la population. Qu’elle observation faites-vous ?
 
Il est toujours normal de recenser les Guinéens pour savoir combien nous faisons. Et je pense que les données démographiques constituent toujours des données stratégiques pour toute décision pour notre pays. Ce qui est mauvais c’est de poser des actes à dessein pour servir des intérêts cachés. En tout cas nous invitons vraiment le Colonel Mamadi Doumbouya à se mettre au-dessus de la mêlée et de refuser de rentrer dans des coups politiques qui vont créer des problèmes à la Guinée.
Je pense qu’on n’a pas besoin de ça. Les militaires ont pris le pouvoir, ils ont promis l’unité nationale, ils avaient même promis d’éviter les recyclages. Aujourd’hui je pense qu’ils ont raté sur beaucoup de points mais ils ont réussi sur d’autres. Ce qu’il faut faire, c’est d’éviter que les décisions qui vont être prises aujourd’hui constituent des menaces pour la stabilité de la Guinée demain. Pour cela, je crois que le colonel doit vraiment se faire bien entouré par des personnes crédibles. À ce stade nous doutons vraiment de la capacité de l’équipe qui l’entoure de mener le pays à bon port. Et nous ne voulons pourtant pas que le colonel déroute, vraiment.
 
 Propos recueillis et transcrits par Mamadou Macka Diallo
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