Transport: Un activiste de société civile s’insurge contre le nouveau prix du permis de conduire

Alors que le SMIG est seulement passé de 440 000 GNF à 550 000 GNF, le gouvernement a fixé le prix du permis de conduire, désormais biométrique, à un million deux cents mille 1 200 000 GNF. Une situation que ne laisse pas indifférent des activistes de la société civile. C’est le cas de Bella Bah que nous avons interrogé ce lundi 28 novembre 2022.

«Le gouvernement de la transition a fait tout récemment un effort par rapport au SMIG. Le SMIG était quatre cent quarante mille (440 000) GNF, c’est vrai. Ils l’ont rehaussé à cinq cent cinquante mille (550 000) GNF. Maintenant, imaginez ça c’est le salaire moyen. Ça veut dire si tu travailles tout le mois on te paie à 550 000 GNF. Imaginez qu’on demande aux gens par rapport à un permis de payer un million deux cent mille (1 200 000) GNF. Ça veut le double du SMIG guinéen. Donc, aujourd’hui on a beaucoup de chauffeurs qui se battent au quotidien, qui font le transport entre Conakry-Coyah, Conakry-Kindia, Conakry-Labé. Ces gens-là travaillent des fois avec des voitures de crédit. Donc ils vivent à travers des petites ristournes. Imaginez qu’on impose à ces gens de payer un permis à un million deux cent mille (1 200 000). Donc c’est tout simplement quelque chose qui est inconcevable. On ne peut pas fixer un montant qui est au-delà du SMIG normalement. Ça veut dire tout simplement la majorité de Guinéens ne peut pas avoir accès à ce permis. Et normalement la logique du permis c’est pour la sécurité ; donc on doit faciliter l’accès au permis bien évidemment, à travers des conditions. Aujourd’hui la seule chose qui motive cette fixation c’est l’argent. Il n’y a aucun contrôle derrière. Tu viens simplement avec un permis après tu paies les 1 200 000 GNF, on te donne un autre permis que tu sois apte ou pas. Donc, il n’y aucun contrôle au préalable. Par conséquent, ce qui devrait être la logique c’est de fixer un prix raisonnable qui est à la hauteur de la poche du citoyen lambda et qu’il y ait un mécanisme de vérification par rapport à la capacité de la personne. Est-ce qu’elle est apte à conduire ou pas. Aujourd’hui beaucoup de Guinéens se plaint et c’est tout à fait normal. On a fixé le délai au 31 décembre mais tout porte à croire que beaucoup de Guinéens ne peuvent pas le faire. Pour rappel, au niveau des statistiques plus de 70% de Guinéens vivent avec moins d’un dollars par jour. Donc, la majorité de Guinéens n’a pas un revenu d’un million deux cent mille (1 200 000gnf). Ils ne peuvent pas se permettre d’acheter cela. Parce que s’il y a un choix entre ce que tu dois manger et un permis, d’abord c’est ce que tu dois manger», a largement expliqué Bella Bah.

L’activiste de la société civile a aussi tenu à rappeler qu’il n’y a pas que le problème de permis, il y a l’immatriculation et la réimmatriculation.

«Aujourd’hui nous interpellons l’Etat par rapport à ce contrat pour qu’il soit revu. Aujourd’hui il y a une mobilisation des transporteurs à la bourse du travail. C’est quelque chose de normal. Beaucoup Guinéens ne pourront pas respecter ce contrat qui a été établi. Forcément on risque d’avoir on ne le souhaite pas des situations hors contrôle parce que les chauffeurs qui sont là, ils ne peuvent pas se permettre ce permis. Donc les policiers  vont les arrêter. Et je vous rappelle que ce n’est pas simplement le permis, il y a la question de l’immatriculation et de la réimmatriculation. C’est des coûts de plus par rapport au Guinéen. Parce qu’on a un contexte économique très difficile avec une conjoncture internationale qui est là, une crise économique latente qui frappe presque tous les pays», a-t-il mentionné avant d’inviter les autorités à revoir ce délai et les conditions pour permettre à la majorité des chauffeurs d’avoir accès cette pièce.

Mamadou Macka Diallo

666 660 366

Articles similaires