Poursuivi pour diffamation par voie de presse, Alhousseine Makanera Kaké a comparu ce mardi, 05 décembre 2023, devant le tribunal correctionnel de Dixinn. Le président du parti FND a plaidé non coupable des faits qui lui sont reprochés par Dr Ousmane Kaba, président du parti PADES.
A la barre, le prévenu a reconnu avoir tenu des propos à l’encontre de Dr Ousmane Kaba, le 17 juin 2023, dans l’émission « On refait le monde » de Djoma médias. Mais il soutient que ces déclarations ne constituent nullement de la diffamation. L’ancien ministre de la Communication dit avoir tout simplement répondu à une sortie du président du PADES, dans laquelle il aurait dit que tout le système du régime Alpha Condé était corrompu. « J’ai dit que si un Docteur parle comme quelqu’un qui n’a même pas la licence, personne ne peut me convaincre qu’il est brillant », a-t-il déclaré.
Pour lui, si Dr Ousmane Kaba dit que tout le système en place sous Alpha Condé était corrompu, il doit s’expliquer alors sur les conditions d’obtention du contrat de 330 milliards de francs guinéens qu’il avait signé avec l’État guinéen, dans le cadre de l’orientation des bacheliers à l’Université Kofi Annan de Guinée, dont il est le propriétaire. Car, dit-il, si l’ancien ministre a obtenu un tel contrat sans corrompre un cadre, c’est qu’il n’y avait pas de corrompus. Il souligne d’ailleurs que l’Université en question n’avait qu’un seul bâtiment et que c’est après la signature de ce contrat que Dr Ousmane Kaba l’a agrandie.
Parlant de l’action engagée contre lui, Alhousseine Makanera Kaké affirme que la partie civile s’est trompé de cible, estimant que ce sont plutôt les animateurs de l’émission qu’elle devait poursuivre. Une déclaration aussitôt démentie par l’avocat de la partie civile, qui souligne que son camp a agi sur la base de l’alinéa 1 des dispositions de l’article 123 de la loi L002 sur la liberté de la presse en République de Guinée.
De son côté, Docteur Balla Mara, qui représente Docteur Ousmane Kaba dans cette procédure, a déclaré que la partie civile a effectivement été victime de diffamation de la part du prévenu. Il a d’ailleurs démenti les propos de M. Makanera disant que Dr Ousmane Kaba a signé un contrat de 330 milliards avec l’État pour l’orientation des bacheliers dans son institution d’enseignement supérieur. Il a également laissé entendre que l’Université Kofi Annan de Guinée n’avait pas qu’un seul bâtiment, mais plutôt trois bâtiments à la période indiquée par le prévenu.
Le ministère public a confirmé que l’article 123 de la loi L002 permet de poursuivre Alhousseine Makanera Kaké dans cette affaire, écartant donc la version selon laquelle partie civile s’est trompée. Mais le procureur souhaite que la partie civile fournisse la preuve qu’elle n’a pas signé un contrat de 330 milliards de francs guinéens dans le cadre de l’orientation des étudiants en 2010. Il a aussi demandé au tribunal d’ordonner au groupe Djoma médias de remettre une copie de l’intégralité de l’émission dans laquelle les propos incriminés ont été tenus.
Après avoir entendu toutes les parties, le juge a pris en compte les sollicitations du ministère public, en ordonnant à la partie civile de fournir le contrat signé avec l’État guinéen et au groupe Djoma médias de mettre à la disposition du tribunal l’intégralité de l’émission « On refait le monde » du 17 juin 2023. Le président du tribunal a ensuite renvoyé l’affaire au 19 décembre prochain pour la suite des débats.
Mamadou Macka Diallo
666 666 660 366