La nouvelle sortie ratée du ministre Ousmane Gaoual Diallo provoque une vague d’indignation en Guinée. Interrogé hier sur la restriction de l’accès aux réseaux sociaux constatée depuis une semaine dans le pays, le porte-parole du gouvernement a donné une réponse qui dégrade davantage son image déjà nettement écorchée. Il a déclaré que « l’internet n’est pas un droit », comme pour dire que le gouvernement peut le couper, s’il le souhaite, sans avoir à s’expliquer sur sa décision.
Depuis cette sortie, les réactions fusent de partout à travers le pays. Dans un entretien qu’il a accordé à notre rédaction, ce vendredi 1er décembre 2023, le président de l’Association des Blogueurs de Guinée (Alogui) a fustigé l’attitude du ministre qu’il trouve arrogante et méprisante. Alpha Diallo a également démenti la déclaration du porte-parole du gouvernement, précisant qu’internet est effectivement un droit citoyen.
« Ce que j’observe, la forme déjà, c’est une façon de parler qui était teintée d’arrogance, de mépris, qu’on ne comprend pas en tant que citoyen. Parce que justement, lorsque des journalistes ou d’autres citoyens expriment des difficultés à se connecter, ce n’est pas la meilleure de les rassurer et de leur donner des informations. On a plutôt vu quelqu’un qui était extrêmement méprisant, qui est arrogant, et cela n’est pas acceptable venant d’une autorité. Ensuite, la deuxième chose qu’on retient aussi, c’est dans le fond. Ce qu’il dit, ce n’est pas vrai, internet est un droit. Parce que, depuis quelques années, il y a des principes en matière de droit international qui font que l’ensemble des droits de l’homme dans la vie réelle sont transposés et sont proposés sur le plan numérique.
D’ailleurs, c’est ce qui a prévalu à la création de la notion du droit numérique. En réalité, les droits numériques, c’est donc le prolongement de tous les droits de l’homme dans vie réelle qui vont sur le numérique. Donc, la liberté d’expression par exemple, qui est un droit de la vie réelle, a un prolongement sur internet, et tous ces droits-là. Même la Cour de justice de la CEDEAO, après la plainte que des organisations togolaises ont déposée contre l’État togolais, a reconnu que l’internet devient un droit des citoyens de l’Afrique de l’Ouest. Donc, ce que le ministre a dit n’est pas vrai », a réagi Alpha Diallo.
L’activiste a évoqué aussi la réponse du ministre Ousmane Gaoual à la question relative au brouillage des ondes de certaines radios privées. Il juge ses propos très graves et inacceptables de la part d’un porte-parole du gouvernement.
« Ce qui pour moi est plus grave, c’est que le ministre, dans sa réponse, reconnaît implicitement que le signal des médias (FIM, Djoma et Espace FM) est brouillé, parce que ces médias ne respecteraient pas l’éthique et la déontologie, parce que justement ces médias ne traiteraient pas notamment l’actualité judiciaire avec professionnalisme. Il l’a dit de façon implicite. Il ne l’a pas directement dit, mais la façon dont il justifie ça, c’est juste dire que les services de l’État sont derrière le fait que ces médias-là ne puissent pas s’exprimer parce que ces médias ne seraient pas professionnels. Pour nous, cela est inacceptable, c’est extrêmement grave, et il faudrait que le ministre s’explique et qu’il donne plus d’informations pour qu’on comprenne réellement ce qui se passe. On ne peut pas s’arrêter là. Ces propos, pour nous, sont d’une gravité extraordinaire. Et c’est dommage que ce soit une telle personne qui puisse porter la parole gouvernementale », a dit le président de l’Ablogui.
Mamadou Macka Diallo
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