Plus d’un an et demi après l’assassinat de Moussa Camara, un jeune homme accusé de vol de moto qui avait été brûlé vif à Tanènè-Bouramayah, les auteurs présumés des faits sont à la barre. Leur procès s’est ouvert ce mercredi, 27 décembre 2023, dans cette sous-préfecture de Dubreka, en présence du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme.
En avril 2022, les sous-préfectures de Tanènè et de Bady, dans la préfecture de Dubreka ont été le théâtre de violences horribles. Des citoyens en colère sont allés s’attaquer au poste de gendarmerie de Bady, où était détenu Moussa Camara, soupçonné de vol de moto. Ils ont exfiltré le jeune homme, l’ont attaché à une moto et l’ont trainé jusqu’à Tanènè, où ils l’ont brûlé vif. Les mêmes citoyens avaient saccagé certains bâtiments administratifs, dont le logement du sous-préfet, ainsi que les postes de gendarmerie et de police de Bady. Après ces violences, plusieurs personnes avaient été interpellées et inculpées.
Ces accusés vont être jugés à l’occasion des audiences criminelles du tribunal de première instance de Dubreka qui ont été ouvertes ce mercredi 27 décembre 2023, à la Maison des jeunes de Tanènè, la sous-préfecture où habitait la victime. « Il convient de préciser qu’en plus de ce dossier relatif aux faits d’assassinat, de destruction d’édifices publics et complicité perpétrés à Badi, Koubia et Tanènè, il y a 12 autres dossiers criminels programmés et qui vont être jugés à travers deux compositions », a indiqué le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dubreka lors de la cérémonie d’ouverture.
Habituellement, l’ouverture solennelle des audiences criminelles se tient dans la salle d’audience du TPI de Dubreka. Mais cette année, la juridiction a décidé de la délocaliser à Tanènè pour un certain nombre de raisons.
« Les raisons sont simples. La tenue de l’ouverture de ces audiences ici à Tanènè a plusieurs significations. Primo, c’est un message adressé aux éventuels candidats à de telles forfaitures ou à toute autre infraction à la loi pénale. Comme pour dire que quiconque commettra de telles forfaitures ou n’importe quelle infraction à la loi pénale, subira le même sort. Secundo, c’est pour dire aux parents et proches de la victime Moussa Camara que la justice qu’ils ont tant revendiquée va être enfin rendue.
Tertio, c’est dire aux populations de Tanènè, de Koubia et de Bady, que les faits d’une extrême cruauté dont elles ont été témoins ne vont pas rester impunis », a expliqué le procureur, avant de rassurer l’opinion nationale et particulièrement les populations de Tanènè « que dans cette affaire, le ministère public veillera sur l’application stricte de la loi. Il veillera à ce qu’aucun innocent ne soit condamné, mais qu’aucun coupable ne reste aussi impuni ».
Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, qui a effectué le déplacement pour assister à cette cérémonie, s’est félicité de l’ouverture de ce procès tant attendu dans les sous-préfectures de Tanènè et de Bady. Alphonse Charles Wright a invité les magistrats à tout mettre en œuvre pour que la vérité soit connue dans cette affaire et que justice soit rendue.
« En jugeant les autres, sachez que nous serons tous jugés un jour. Que l’argent ne soit pas le motif pour laisser celui contre lequel la responsabilité pénale sera assise. Les gens ont tenté en phase d’enquête pour soustraire certaines personnes de la justice, je suis au courant, j’étais procureur général à l’époque. Aujourd’hui je ne suis pas procureur général, mais heureusement, les magistrats du ministère public travaillent sous le contrôle du Garde des Sceaux, j’y veillerai personnellement. J’ai confiance au siège en toute indépendance, le professionnalisme du président, de ses assesseurs. Je vous demande que le droit soit dit, rien que le droit. Et que vous travailliez dans la sérénité à ce que la vérité soit connue », a lancé le ministre.
Guinee114