Quand je fais la rétrospective de l’année qui vient de s’écouler, du bilan des trois ans du Conseil national du rassemblement pour le développement, notamment les réformes sur les infrastructures, du pouvoir d’achat, du dialogue politique, de l’unité nationale, sur les droits de l’homme, sur la liberté d’expression et le retour à l’ordre constitutionnel, c’est une forte inquiétude qui m’habite.
Lorsque j’ai appris la condamnation de Aliou Bah, leader politique du Mouvement Démocratique Libéral (Model). J’ai eu le sentiment d’humiliation, de la désolation, de la pitié, de l’angoisse, d’avilissement, de la tristesse, de la peur, des larmes, de l’émoi. L’envie de ne plus parler de ce pays, de m’ouvrir à d’autres horizons pour ne pas me déprimer, pour ne pas être dépourvu de mes forces et de ma vigueur.
Parce qu’il y a eu quand même des personnes qui se sont sacrifiées pour ce pays, des héros nationaux qui ont porté des voix des sans voix. Nos dirigeants ne doivent-ils pas ignorer que nous constituons avant tout une grande famille composée de femmes, des hommes, des enfants, des frères et sœurs, des cousines et cousins, des tentes, des mamans, des oncles, des amis et des collègues.
Par ailleurs, je ressens aussi le besoin d’être solidaire, de continuer à informer aussi mes compatriotes, parce que je me sens investi d’une mission, d’un devoir vis-à-vis de mes concitoyens, celle de la vérité, de la résilience et de la résistance comme beaucoup de mes compatriotes. Et si ces absences sont avérées, ce sont nos propres parents qui subissent et empathisent les conséquences.
Ce qui est par contre plus ardu à mener, c’est comment les gouvernants qui refusent d’admettre les réalités des faits et comment tout un pays est pris en otage comme il a été dans les régimes précédents. L’évidence est que, tant qu’on ne le ressent pas dans le corps, il est très difficile d’expliquer aux autres ce qu’ils vivent dans leur endurance. Il est où l’activiste Foniké Manguè Oumar Sylla, Billo Bah et le journaliste Habib Marouane Camara. Pourquoi ces Kidnappings imaginés, mûris et appliqués ? C’est quoi désormais la stratégie politique du CNRD ?
Quand on s’attaque aux défenseurs de la démocratie d’une nation, aux animateurs de la vie politique, aux intellectuels, aux penseurs, aux philosophes, aux chroniqueurs, aux écrivains, aux journalistes. On se demande ce que voulons-nous réellement ? Quelle façon de gouvernance stimulons-nous en réalité ? Quelles perspectives nourrissons-nous ? Quelle mémoire voulons-nous laisser à la postérité ?
Je me demande parfois pourquoi la Guinée déteste ses acteurs politiques jusqu’à ce point ? Pourquoi les politiques haïssent leurs dirigeants au mépris de tout ? Pourquoi les ethnies se maudissent politiquement ? Qu’est-ce qu’on reproche aux activistes qui dénoncent le népotisme, interpellent les autorités, critiquent l’autoritarisme ? Mais, qu’est-ce qu’on a fait à l’éternel ?
J’ai envie pourtant que mon pays se reconvoque, qu’il se répare au fond de lui, qu’il se confesse sur quoi il a péché, qu’il se remémore sur ce qu’il a commis. Qu’il assume son histoire, qu’il protège les droits inaliénables, qu’il abroge certaines dispositions de lois incongrues, qu’il se regarde en face pour promouvoir la justice, la vérité et la tolérance.
J’aime mon pays d’origine plus que n’importe quel pays au monde disait l’écrivain américain James Baldwin. Par la même occasion, je tiens à la bonne gouvernance, au retour à l’ordre constitutionnel. C’est pourquoi je me permets de critiquer, de contredire ses commis, de juger ses dignitaires, d’accuser ses fossoyeurs, ses pilleurs de la République. Parce que l’essentiel de la politique porte sur le bien-être de la population.
Par Tidiane Diallo
Journaliste
tidiani83@gmail.com