En conseil des ministres jeudi, 29 juillet 2021, l’organisation de nouveaux états généraux de la justice, la deuxième édition depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, a été annoncée par le gouvernement. La rédaction de Guinee114.com en parle pour vous avec l’ancien bâtonnier, Me Mohamed Traoré. Avec son regard habituel critique sur le fonctionnement de la justice, l’avocat ne fait pas qu’approuver l’idée. Il dégage aussi ses attentes par rapport à ces états généraux pas sans jeter un regard sur les recommandations des états généraux qui sont restées « lettres mortes ».
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Guinee114.com: le ministre de la Justice a évoqué jeudi l’organisation de nouveaux états généraux de la Justice lors du Conseil des ministres. En quoi selon vous, l’organisation de nouveaux états généraux de ce secteur serait-elle opportune après l’édition de 2011 ?
Me Mohamed Traoré: C’est une excellente nouvelle en ce sens que l’organisation des états généraux de la justice sera l’occasion une nouvelle fois de jeter un regard sur notre appareil judiciaire. La justice occupe une place de choix dans un État de droit. Le fonctionnement de la justice a une influence considérable sur la vie du citoyen. On peut dire, avec un peu d’exagération peut-être, que quand la justice marche, tous les autres secteurs de la vie nationale marchent. Il est donc important que tout soit mis en œuvre pour que le fonctionnement de la machine judiciaire soit le plus efficient possible. Et pour cela, il faut examiner cette machine afin de diagnostiquer les maux dont elle souffre, de détecter ce qui marche et ce qui ne marche pas afin d’y apporter des remèdes dans l’intérêt de tous les usagers du service public de la justice.
«…beaucoup d’autres recommandations sont restées lettres mortes»
Il est vrai qu’il y a eu des états généraux en 2011. Et à l’occasion, beaucoup de recommandations avaient été présentées au Président de la République. Mais il faut reconnaître que la mise en œuvre de celles-ci n’a pas connu le succès escompté. À part de l’adoption de certains textes législatifs et réglementaires majeurs, la mise en place du Conseil supérieur de la magistrature, à titre d’exemple, beaucoup d’autres recommandations sont restées lettres mortes. Il est donc utile de se pencher sur l’ensemble de ces questions en espérant que les recommandations qui seront issues de ces nouveaux états généraux connaîtront un meilleur sort.
S’ils ont lieu, qu’attendriez-vous de ces états généraux ?
Ce serait un euphémisme de dire aujourd’hui que la justice guinéenne est un grand corps malade. Elle souffre de plusieurs maux que les recommandations des états généraux de 2011 n’ont pas pu soigner. L’un des maux dont souffre cette justice, ce sont les atteintes multiformes à son indépendance et surtout influence excessive que le pouvoir politique exercice sur elle. Il faut donc se demander pourquoi cette justice, en dépit de l’amélioration très substantielle des conditions de vie des magistrats et la mise en place d’un organe destiné à garantir leur indépendance, cette justice n’arrive pas à se dégager de l’influence très marquée et très nocive du pouvoir exécutif. J’attends donc des états généraux annoncés qu’ils essaient de se pencher sur cette question afin d’y apporter une réponse appropriée.
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Entretien réalisé par Thierno Amadou M’Bonet Camara
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