Plus de cinq cents veuves et personnes retraitables dont les droits sont jusque-là bafoués par la société minière RUSAL Friguia, poussent enfin un ouf de soulagement. Sur instruction des autorités de l’Etat, une mission du Directeur général de la caisse nationale de sécurité sociale, de l’Inspecteur Général du travail, du Conseiller du ministre du Travail et de la Fonction publique appuyée par le préfet, a séjourné ce weekend à Fria. Bakary Sylla, DG de la CNSS, bras opérationnel de la politique sociale de la transition, revient à Conakry avec une perspective claire d’une réparation assez rapide de cette injustice.
Plus de 300 veuves abandonnées
Dans cette situation, il en première ligne, il y a des veufs et des veuves dont les défunts époux et épouses travaillaient à Rusal Friguia avant de décéder. Hawa Camara, est la présidente des femmes veuves de RUSAL. « Depuis les différents décès de nos maris, nous peinons à entrer en possession de nos dus à savoir les pensions et les règlements en tant qu’ayant droit. Nous sommes très contentes de la venue de cette délégation et nous en remercions les nouvelles autorités notamment le président Mamadi Doumbouya. Il est en train d’essuyer les larmes des veuves de Fria, que Dieu ne l’humilie jamais », explique-t-elle.
Malgré l’âge requis, des centaines d’employés ni à la retraite ni salaires ni cotisations sociales
Joseph Niankoye, embauché en novembre 1975, fait partie des personnes retraitables, ces centaines de travailleurs (300 en 2019) qui ont atteint l’âge de faire valoir leur droit à la retraite à FRIGUIA mais qui sont toujours considérés par la société russe comme étant des employés. Ils n’ont pas un salaire et ne travaillent pas. Ils touchent juste un montant d’un million cinquante mille francs guinéens, en deçà du double du salaire minimum forfaitaire (SMIG) et appelé assistance.
«Nous sommes là pour apporter tout l’éclairage possible afin de faciliter le travail de monsieur le Directeur général de la CNSS et à sa suite en leur disant exactement ce qui se passe pour les retraitables. Depuis 2014, RUSAL n’a plus payé des droits à la retraite. Imaginez, nous sommes autour de trois cents cinquante (350) qui n’avons pas pu bénéficier de notre droit à la retraite. Certains sont morts, d’autres, comme moi, n’ont qu’un montant d’un million cinquante mille (1.050.000) francs guinéens d’assistance.
On attend de cette mission, nantie de toutes ces informations, de faire en sorte que la vérité éclate, que Rusal soit mis devant ses responsabilités. Le code du travail dit que moi dans mon cas je dois aller à la retraite depuis 2015 et voilà que depuis huit ans, on n’en parle même pas. On ne nous paie pas un salaire normal et on ne nous met pas à la retraite. Il y a aussi mon règlement définitif. Nous attendons à ce qu’on nous appelle pour nous dire, on reconnait votre droit à la retraite voilà à partir de quand vous allez bénéficier de votre droit à la retraite en termes de règlement, voilà votre règlement définitif. Nous comptons sur les résultats de cette mission », nous confié cet ancien cadre qui a été chef service cité, chef service accueil et relations publique, attaché de direction et chargé des relations publiques.
Une perspectives heureuse
Le directeur général de la Caisse nationale de la sécurité sociale, fortuné des informations glanées çà et là auprès des différentes parties prenantes a eu des rencontres et discussions ardues avec la direction de Rusal Fruiguia. Bakary Sylla a fait remarquer l’impératif de résoudre ce problème sans délai. Pour ce faire, il a exigé et obtenu des documents qui vont, les jours à venir, lui permettre de mettre fin à plusieurs années de souffrance de ces veuves et personnes retraitables.
«Je dirais plutôt que c’est le début de la résolution de la question de nombreuses veuves et autres retraités de l’usine Friguia. Il s’agissait en effet de venir à la source recueillir les informations techniques pour que les services de la CNSS se mettent à la tâche. Vous rendez-vous compte ? Aucun départ à la retraite déclarés à la Caisse depuis 2014, ni même aucun décédé en activité déclaré alors que la CNSS doit les indemniser dans le cadre de ses missions.
Après de longues séances de travail avec la direction de Rusal Friguia, parfois jusque tard dans la nuit, nous sommes enfin convenus que Rusal Friguia fournisse à la Caisse la nomenclature des documents de mise à la retraite, de déclaration de décès, et d’autres documents tels que les certificats de cessation de travail et de non-paiement, …
Avec cette liste, difficilement obtenue, je retourne à Conakry. Les autres documents tels que les carnets d’assurés suivront pour que les droits des assurés soient respectés et liquidés : personne ne doit être lésée mais tous les documents seront minutieusement examinés par les services techniques.
J’y ai aussi rencontré deux fois les associations de veuves et des personnes dites « retraitables », c’est-à-dire ayant rempli la condition d’âge de départ à la retraite et d’annuités de cotisations mais dont les dossiers n’avaient jamais été transmis, pour leur rendre compte des avancées dans les discussions avec la direction de Rusal Friguia.
La protection sociale occupe place de premier choix dans la politique sociale de SEM le Président de la Transition, le Colonel Mamandi Doumbouya. C’est dans ce cadre que je me suis rendu à Fria sur instructions de mon ministre de tutelle, Monsieur Julien Yombouno, à qui je rendais compte à chaque étape des discussions, même tard dans la nuit.
Maintenant, après la complétude individuelle des dossiers par les potentiels bénéficiaires, l’examen et la liquidation des droits devraient suivre avec, j’espère, un soulagement de ces personnes laissés-pour-compte depuis une dizaine d’années. Le droit des assurés sociaux doit être préservé.
Je suis prêt à y retourner tant que les dossiers que doit me fournir Rusal ne le sont pas. Je suis déterminé à la défense des assurés sociaux longtemps oubliés par le système. C’est la raison de mes actions »
Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)
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