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Violences post-électorales: Koureissy Condé a deux contentieux à vider d’abord

Alors que la Guinée est replongée dans une folle répression et des violences civiles au lendemain de l’élection contestée du 18 octobre, les messages de paix se multiplient au point même  de rendre inaudible les victimes qui crient justice. Depuis quelques jours, Koureissy Condé, a repris son boubou blanc et monte les escaliers des médias pour presser le dialogue. Malgré son expérience d’ancien Médiateur de la République, il est n’a que peu de chances d’être écouté.

Ancien ministre de l’intérieur lors de l’arrestation de l’opposant Alpha Condé en 1998, vite converti  en acteur de la société civile très écouté lorsque le leader du RPG, dès son arrivée au pouvoir en 2010, l’a limogé et éloigné de la gestion officielle des affaires publiques. Après avoir prêté allégeance au projet de troisième mandat du président Condé, Koureissy Condé a désormais deux contentieux avec l’opinion publique. Il lui faut les vider avant d’espérer être crédible.

D’abord vis-à-vis d’une frange importante des caciques du RPG qui l’accusent à tort ou à raison d’avoir joué un rôle nocif dans l’arrestation qualifiée d’arbitraire de leur candidat Alpha Condé en 1998. Puis, vis-à-vis de ceux-là qui, à l’image de ses anciens étudiants, ont eu confiance en lui pendant son temps dans la société civile et qui ont été choqués ensuite par sa prise de position politique aux côtés des promoteurs d’un mandat jugé de trop pour le chef de l’Etat.

Lui qui dénonçait des dérives du pouvoir Condé, qui versait des larmes chaudes sur les cadavres des enfants tués à Bambéto et qui disait partout qu’il fréquentait Cellou Dalein Diallo, le grand intellectuel, l’ancien ministre et l’ancien Médiateur de la République a vite choisi un camp au moment même où il affichait l’image d’un arbitre crédible et défenseur des sans voix. Et son camp fut, hélas, celui de la promotion d’un troisième mandat pour Alpha Condé.

Laissant ainsi des doutes sur la sincérité de ses prises de position publiques pour des valeurs de paix, de dialogue et de respect des droits de l’homme. En Guinée, la plupart de ceux qui portent les pancartes de la société civile sont des acteurs politiques encagoulés ! Le jour dans la société civile, la nuit, chercheurs de postes et d’autres privilèges politiques. Cet autre contentieux, Koureissy Condé doit le vider d’abord pour espérer être audible sur l’espace public guinéen.

En attendant de trouver la parade par laquelle effacer ces différentes images collées à lui, l’honorable Koureissy Condé devrait se contenter de son siège à l’Assemblée nationale issue d’une élection qui a coûté la vie à plusieurs autres guinéens en mars 2020. Il pourrait aussi poursuivre son combat politique en faveur d’un nouveau mandat pour le leader du RPG, puisqu’il a même participé activement à la campagne notamment en Haute Guinée pour une réélection d’Alpha Condé. Ainsi, il aura au moins le mérite d’être relativement cohérent ! Nul âme ne peut avoir le prestige d’être à la fois acteur et arbitre crédible. Surtout lorsqu’on a des conflits personnels avec l’opinion.

Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)

62210 43 78

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