Violences sexuelles: Amnesty International alerte le gouvernement guinéen à la veille du procès du 28 septembre 2009

Après son rapport sur le massacre du 28 septembre 2009, Amnesty International a lancé ce mardi 27 septembre 2022 son rapport sur les violences sexuelles en Guinée. Ce document de 75 pages qui est la quintessence de sept années de recherche a été présenté au cours d’une conférence de presse à Conakry. 

 
La démarche vise, selon les initiateurs, a plus attiré l’attention des décideurs sur ce phénomène devenu un fléau qui devient inquiétant dans le pays. 
 
Même si des progrès considérables ont été notés au cours des dernières décennies notamment en matière de législation, la pratique est toujours d’actualité avec quelques éléments qui freinent encore la lutte contre ce fléau. C’est le cas par exemple des faibles ressources accordées au secteur de la sécurité et de la justice à diligenter plus d’enquêtes, indique le document. 
 
Le rapport montre également qu’à Conakry et dans trois régions du pays, notamment Labé, Kankan et N’Zérékoré, couvertes par l’enquête sur plus de 120 personnes, que les pesanteurs sociales en sont pour quelques choses dans cette lutte. 
 
Une des avancées dans cette lutte est le fait que dans  certaines juridictions plus de la moitié des audiences criminelles est consacrée aux violences faites aux femmes particulièrement aux mineurs. ” Nous avons choisi cette date du 27 septembre ici à Conakry comme une date symbolique, pour faire le lien avec les évènements du 28 septembre. Comme vous le savez en plus des manifestants qui ont été tués au stade, il y a plus d’une centaine de femmes qui avait été violées. Pour nous il était important de parler de cette problématique autour de cette date pour rappeler que la date du 28 septembre c’est aussi une date importante sur les questions de violences sexuelles. La méthodologie adoptée, nous avons durant plusieurs mois interrogé des victimes, des parents de victimes et des témoins sur le terrain. Plusieurs personnes ont été interrogées: acteurs de la société civile et autorités”, a déclaré Samira Daoud directrice Afrique de l’ouest et du centre d’Amnesty International.
 
Le coup d’envoi de cette enquête a été donné en 2015 avec l’assassinat à Conakry au cours de cette année du jeune Tamsir Touré assassiné pour des faits présumé de viol. La mort de M’mah Sylla en novembre 2021 qui a choqué une bonne partie de l’opinion est l’un des aspects examinés dans ce rapport. 
 
“Quand nous prenons le cas les engagements ont été pris par le gouvernement pour juger cette affaire. A notre arrivé à Conakry nous avons relancé ce dossier pour qu’il ne reste pas lettre morte. La question de violence sexuelle est un problème complexe, un problème national et un problème de données fiables. Les données ne sont pas faciles à avoir même dans les médias. Les données qui existent sont celles des enquêtes nationales auprès de certains ménages, mais également les données judiciaires qui ne sont pas exhaustives. Les autres données qui existent sont celles fournies par la police, la gendarmerie et l’OPROGEM. Il faut constater ces dernières années que le phénomène commence petit à petit être judiciarisé. Les gens nous ont expliqué cela par la confiance qu’on a désormais de la justice. L’autre donnée qui existe est celle de la médecine légale qui est d’ailleurs plus importante que les plaintes déposées. Donc ça veut dire que beaucoup de personnes préfèrent gérer le problème à l’amiable”, explique Fabien Offner, chercheur Afrique de l’ouest à Amnesty International. 
 
Dans un plaidoyer, ces partenaires de la Guinée ont exhorté les autorités à plus d’attention dans la lutte contre l’impunité notamment par l’éradication des violences sexuelles. La prise en charge des cas des victimes de viols sous toutes les formes et la mise d’important moyen à la disposition des ministères concernés sans oublier la formation des médecins légistes spécialisés dans la prise en charge de telles situations.
 
 
MLamine

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