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CAPA 2021 : les candidats recalés dénoncent les « contre-vérités » du Barreau de Guinée

Réponse du berger à la bergère. Le collectif des contestataires de l’examen du CAPA (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat) session 2021 réagit à la dernière sortie du Barreau de Guinée. Au cours d’une conférence de presse animée le 24 août dernier, les responsables du Conseil de l’Ordre des Avocats de Guinée avaient balayé d’un revers de la main les informations faisant état de violations de la loi dans l’organisation de ce concours.

Faux, rétorque les candidats déclarés non admis et qui contestent les résultats officiels. Ces derniers ont aussi animé une conférence de presse ce lundi, 11 septembre 2023, à Conakry, pour démentir la version du Barreau de Guinée. « Tout ce qui a été dit au cours de la conférence de presse (du barreau) en date du 24 (août dernier), c’est vraiment des contre-vérités. Les conférenciers n’ont apporté aucun document ni aucune explication juridique par rapport à tout ce qui leur a été reproché », a déclaré Souleymane Sidibé, le porte-parole du collectif.

Souleymane Sidibé, porte-parole du Collectif des contestataires du CAPA 2021

Au nombre des violations constatées dans l’organisation du CAPA 2021, ces candidats à la profession d’avocat citent entre autres, la mise en place d’un « jury incomplet » de 5 au lieu de 7 membres, mais aussi le procès-verbal de délibération du jury qui est signé par 6 membres au lieu de 5 énumérés dans la note de service susmentionnée. « Ces documents irrégulièrement établis ont camouflé à dessein les notes des deux épreuves écrites dans les moyennes générales injustifiées pour déclarer les premières victimes ajournées », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, Souleymane Sidibé et ses collègues fustigent « la mauvaise foi » qui caractérise la formule de notation utilisée par les organisateurs du CAPA session 2021. « Pour calculer les notes, il n’existe aucun système de notation au monde. A vrai dire, ce ne sont que des notes forfaitaires, imaginaires, attribuées par simple égoïsme et par ségrégation, accompagnés d’affinité comme d’habitude d’ailleurs, que ces notes ont été affectées aux candidats pour les déclarer ajournés », déplore le collectif, précisant que la plupart des recalés ont passé plus de dix ans de service.

« Ce qui est beaucoup révoltant dans cette affaire, chaque CAPA, ils déclarent injustement des gens ajournés. Des gens qui ont passé une bonne partie de leur vie dans ce milieu-là. Imaginez dix ans, vous prenez ça dans la vie de quelqu’un, c’est de l’exploitation de l’homme par l’homme. Ce combat-là, ce n’est pas seulement pour ceux-là qui ont été déclarés ajournés, c’est pour les générations à venir. Laisser les gens accéder à la profession, ça y va dans l’intérêt même de la justice. Les avocats sont des auxiliaires, nous intervenons pour aider la justice, pour aider nos bons citoyens qui ont besoin du service d’un avocat.

 

Mais la volonté qui est là, c’est d’empêcher les gens, prendre cette profession comme une propriété privée, prendre la corporation en otage, prendre la justice même en otage, les autorités administratives en otage. Quand on vous dit que le barreau ne relève pas du Ministère de la Justice ou que l’Inspection des services judiciaires n’a pas de compétences pour inspecter le barreau, je crois que ces auteurs-là font preuve soit d’une mauvaise foi ou d’une mauvaise compréhension des textes de lois », estime Souleymane Sidibé.

Selon les membres du collectif des contestataires, ils ont déjà fait le recours gracieux, mais aussi ont adressé plusieurs lettres au barreau de Guinée pour contester les résultats et réclamer leur rétablissement dans leurs droits. Et si toutes ces démarches n’aboutissent pas, ils souhaitent l’intervention du ministre de la Justice pour trouver une solution à leur problème.

« Nous demandons à M. le Bâtonnier et aux membres du Conseil de l’ordre de mettre en place un nouveau jury indépendant composé de 7 membres comme prévu par la loi au nom du principe de la continuité ou une nouvelle correction des copies du CAPA de la session 2021. A défaut, nous demandons humblement à Son Excellence monsieur le ministre de la Justice de bien vouloir faire droit au rapport  de l’inspection générale des services judiciaires et pénitentiaires en date du 29 décembre 2022 afin de trouver une solution définitive à notre situation », a sollicité Me Foussény Camara, membre du collectif.

Macka Diallo et Mariame Barry

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