Conflit domanial à Yattaya (Ratoma) : une veuve brutalement expulsée de la maison de son défunt mari

Dans le quartier de Yataya, commune de Ratoma, un vieux conflit domanial opposant deux membres d’une même famille (Mayéni Camara et son frère Fodéba) a refait surface pendant que les parties semblaient avoir enterré la hache de guerre.

D’après des témoignages recueillis sur le terrain, un an jour pour jour après la mort de Fodéba laissant derrière lui une veuve et une fille, à la surprise générale, sa sœur a porté l’affaire devant le tribunal de Dixinn.

Comme conséquence, très tôt ce vendredi, 21 mai 2021, un huissier de justice accompagné des forces de l’ordre, a procédé à l’expulsion de dame Mariama Sylla, l’épouse de feu Fodéba. Mais ça n’a pas été facile pour l’huissier de justice et les forces de l’ordre surpris par la résistance des jeunes du quartier venus défendre la veuve.

Rencontré sur le terrain, l’huissier de justice, Maître Mamadouba Marie Camara nous a raconté le déroulement de la scène.

« Je suis à Yattaya. C’est pour l’expulsion d’une dame du nom de Mariam Sylla. On était en cours d’opération, la CMIS a surgi. Ils ont arrêté mes éléments plus les manutentionnaires qu’ils ont gardés ici. Par contre les fauteurs de trouble au lieu de les arrêter ils sont en liberté là-bas en train de lapider ou d’agresser ma cliente et mes éléments sont gardés ici je suis là pour ça. Il y a une procédure qui a opposé madame Mayéni Camara contre Mariama Sylla. L’affaire a été portée devant le tribunal de première instance de Dixinn. Il y a eu un jugement. Ce jugement lui a été signifié. Le quartier, la commune, le parquet de Dixinn toutes les autorités ont été informées jusqu’au gouvernorat. Pour dire qu’on doit procéder à une expulsion. C’est une maison d’une chambre et salon. Je me suis fait assister par les forces de sécurité pour me permettre de l’expulser. C’est de faire respecter la décision de justice », a narré l’huissier.

De son côté, Mariama Sylla accuse sa belle-sœur de vouloir l’expulser de cette maison où elle habitait avec son défunt mari et dément avoir été devant la justice pour ce dossier. « Nous, on dormait. À 6 heures du matin, la sœur de mon mari Mayéni Camara a envoyé des bandits chez nous. Lorsque j’ai fini de prier, j’ai dit aux enfants de se lever. Les jeunes bandits au nombre de quatre avec certains militaires bandits sont venus taper à la porte. J’ai dit c’est qui ? Ils m’ont dit d’ouvrir la porte. Quand j’ai ouvert la porte, ils sont rentrés pour nous dire de faire sortir les bagages. Un militaire est venu me prendre et m’a giflé. Je me suis levée pour demander il y a quoi ? Ils ont tout pris pour mettre dehors sous la pluie. Je suis sortie, je n’avais même pas de chemise. Je me suis rendue à la CMIS N°6. Avant mon retour, tout était gâté », a-t-elle raconté de son côté, avant de rappeler qu’elle est menacée d’expulsion par sa belle-sœur, depuis que son mari est décédé.

« Je l’ai toujours dit qu’ici c’est chez mon mari. Je vais aller où ? C’est pourquoi aujourd’hui elle est allée chercher des bandits pour venir me tuer avec mes enfants », a rappelé la veuve de Fodéba.

D’après Mariama Sylla, un montant de 27.000.000 de francs guinéens appartenant à un groupement dont elle est membre ; un écran plat et un lot de pagnes ont été emportés par les assaillants.

Sous couvert de l’anonymat, un ancien du quartier nous a confié que le domaine qui fait aujourd’hui l’objet de conflit aurait été acheté par Mayéni et son frère Fodéba.

Au moment où nous quittions les lieux, certaines personnes arrêtées avaient été libérées et les négociations étaient en cours pour la libération des autres.

Mamadou Macka Diallo

Articles similaires