Le respect du code minier, la transparence et la défense des intérêt de l’Etat dans le secteur extractif font partie des priorités des autorités de la transition en République de Guinée. C’est pourquoi, le ministère des Mines et de la Géologie a organisé ce jeudi 26 janvier 2023 dans ses locaux, une rencontre dite de rappel avec ses partenaires sur le respect de l’article 198 du code minier guinéen portant notamment sur l’analyse et la détermination exacte de la qualité des minerais destinés à l’exportation.
«Les prérogatives sont données au laboratoire national pour tout ce qui est analyse des minerais. L’application de cette règle va permettre à l’Etat dans un premier temps, d’avoir une connaissance sur la qualité des ressources qui sortent du pays. C’est pour ce partage d’information qu’on a appelé nos partenaires. Dans un avenir très proche, on va travailler individuellement avec chaque entité. Que ça soit les compagnies qui ont leurs propres laboratoires ou les sous-traitants qui ont les leurs, pour définir le cadre de collaboration avec notre département et spécialement avec le laboratoire national», a déclaré Bachir Camara, secrétaire général du ministère des Mines et de la Géologie, au sortir de ladite rencontre.
Que dit l’article 198 du code minier ?
«Cet article spécifie clairement que le laboratoire national est en charge de l’analyse de l’ensemble des minerais du pays. Ce pendant, si ce laboratoire n’a pas les capacités, on peut voir avec une entité qui a un laboratoire afin de voir dans quel cadre faire l’analyse de ces substances. Dans le même article, il est indiqué que pour ce qui est de l’exportation des échantillons d’analyse, c’est dans les prérogatives du laboratoire pour délivrer un certificat qui autorise la sortie de ces échantillons», repond le Sécretaire Général.
Madame Oudia Mgassouba, directrice générale du laboratoire national de la géologie a, pour sa part, fait un rappel à l’ordre aux sociétés qui ne respectent pas le contenu de l’article 198 du code minier guinéen.
«L’analyse des échantillons est une paternité exclusive du laboratoire national. C’est une obligation pour lui de le faire. Ceux qui pensent que ce laboratoire n’a pas les qualités requises n’ont pas le droit de le faire eux-mêmes. On ne peut pas être exportateur et évaluateur de la qualité. Pour nous rassurer que les résultats sont fiables, notre participation est obligatoire. De l’autre coté, ceux qui ont des contrats de sous-traitance avec d’autres laboratoires sans passer le laboratoire national, c’est une violation flagrante du code minier. Si nous ne pouvons pas faire l’analyse, c’est à nous de signer de contrats avec qui que ce soit pour que des résultats certifiés soient obtenus », a-t-elle indiqué.
Et Oudia Magassouba de préciser: «Nous sommes là pour sauvegarder les intérêts de l’Etat. On n’a pas la vocation de chasser quelqu’un mais il faut trouver un cadre, une nouvelle réglementation où chacun s’y retrouve pour un bon partenariat. Personne n’est au dessus de la loi».
Pour Karamoko Soumah, inspecteur général du ministère des Mines et de la Géologie, l’analyse des échantillons est une question de souveraineté nationale. Poursuivant, il a mis les projecteurs sur ce que le pays est en train de perdre si le laboratoire national est contourné.
«Pour calculer les taxes d’extractions et les taxes minières, nous prenons la quantité qui peut être celle extraite pour multiplier par la teneur qui est multipliée à une taxe qui est de 0,75 %. Ensuite, ceci est multiplié par le London Metal echange (LME). La teneur est donnée par les sociétés. Plus cette teneur est faible, plus la taxe minière est faible.
Les sociétés n’ont pas intérêts à dire à la Guinée que la teneur est élevée parce qu’elles vont payer beaucoup d’argent. C’est pour cette raison qu’elles feront tout pour minimiser la teneur. Nous ne disons pas que toutes les sociétés le font.
Nous, en tant qu’Etat, il faut qu’on contrôle avec notre laboratoire national en faisant l’analyse des échantillons pour que la teneur vienne de la Guinée. Avec cela, on peut maximiser les recettes minières du pays. Actuellement, la teneur vient des sociétés. Elles nous disent que la teneur de la bauxite que nous sommes en train d’exporter est de 40% et on se contente de ce qu’elles disent. C’est ce que nous voulons éviter. Le laboratoire national doit contrôler pour voir si ce qui est dit est juste», a-t-il expliqué.
Présent à cette rencontre et interrogé par la presse, Mamoudou Barry, directeur général de la SGS en Guinée, une entreprise spécialisée dans les missions d’inspection, de vérification, de contrôle et de certification dans les secteurs minier et pétrolier, a particulièrement salué la tenue d’une telle réunion. Il dit encourager les autorités du ministère des Mines et de la Géologie à continuer sur cette démarche pédagogique consistant à emmener les uns et les autres progressivement vers l’objectif escompté dans une dynamique d’écoute et participative.
«Nous avons été très heureux de participer à cette rencontre. Je pense que c’est tout à fait légitime que le gouvernement se questionne sur les problématiques relatives à la quantité et à la qualité de la bauxite (par exemple Ndlr) parce qu’une tonne de bauxite n’est pas égale à une autre tonne de bauxite. Donc il est tout à fait important que ces deux questions soient ramenées sur la table et discutées en face avec les sociétés et les autres partenaires miniers», mentionne-t-il avant de recommander d’autres rencontres avec des techniciens afin de pouvoir réglementer davantage les conditions de détermination de la qualité et de la quantité des minerais.
Après cette réunion, le ministère des Mines et de la Géologie compte rencontrer individuellement les compagnies minières pour des discussions plus poussées afin de corriger cette autre imperfection de la gouvernance du secteur minier en Guinée.
Theirno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)
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