Pour maitriser les effectifs et les recettes de l’État, la Guinée s’est doté d’un nouveau permis de travail pour les étrangers. La présentation de ce document été faite ce mercredi 10 mai 2O23 par Alpha Bacar Barry, ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi.
Il s’agit d’une carte biométrique qui sera délivrée par l’Agence Guinéenne pour la Promotion de l’Emploi (Aguipe) sous tutelle de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi.
Alpha Bacar Barry a mis l’occasion à profit pour indiquer les avantages de ce nouveau document de travail.
«Premièrement, c’est pour sécuriser ce titre et ses valeurs parce que c’est un objet qu’utilise l’État pour mobiliser des recettes. La deuxième chose, c’est pour pouvoir permettre aux travailleurs étrangers vivants chez nous de pouvoir travailler en toute sérénité et d’éviter tout ce qui est harcèlement, tout ce qui est désagrément lié au contrôle et à l’évaluation des permis de travail. Troisièmement, c’est pour permettre aux entreprises étrangères vivants chez nous de respecter scrupuleusement le code du travail qui exige qu’une entreprise qui évolue et qui emploie des étrangers non nationaux de l’espace CEDEAO, d’acquérir des permis de travail pour certaines positions.
Quatrièmement, c’est pour sécuriser les recettes de l’État. Depuis longtemps, les recettes issues des permis de travail ne sont pas tracées. Elles ne sont pas évaluées et on ne sait pas quelle est la contribution de l’AGUIPE aux recettes fiscales de la Républiques de Guinée.
Et en dernier lieu et ce qui est très important pour nous, c’est la digitalisation de l’ensemble du processus (…) Nous avons depuis longtemps, une vaste opération de digitalisation de l’ensemble de nos services. La digitalisation du permis de travail est une composante qui vient compléter le processus de digitalisation de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi.
À titre d’exemple, l’AGUIPE avec ce partenaire va digitaliser l’ensemble du système et on va avoir des bases de données assez correctes de la délivrance des permis. Cela va nous permettre d’avoir des données pour analyser. La digitalisation du permis de travail, de l’ensemble des données venant de l’AGUIPE va nous permettre de connaître exactement quels sont les demandeurs d’emploi, leurs profils, leurs aspirations, leur qualification et quels sont les manques. Quels sont les limites de leur qualification à occuper des postes essentiels », a longuement expliqué Alpha Bacar Barry.
Et de rajouter: « Le permis va permettre aussi de sécuriser certains emplois en Guinée. Ce n’est pas que l’AGUIPE qui a besoin de ces informations. Toutes les autres structures de perfectionnement, de formation initiale, de formation continue évoluant dans le système de formation professionnelle peuvent utiliser ces données pour offrir la formation nécessaire. Et donc, préparer le guinéen à ce poste. Pour nous, la digitalisation est une question de données parce qu’elles nous permettent de prendre la bonne décision. Cela permet d’évaluer notre performance, la performance des structures de perfectionnement et de formation continue. Et cela permet aussi à notre système de s’autoévaluer. Voilà tous les pouvoirs que détient cette carte. Cette carte n’est pas simplement une carte d’identification.
Cette carte pour nous à l’enseignement technique, à la formation professionnelle et à l’emploi est une mine d’or en terme d’information. Ça nous permet de tracer tous les travailleurs. Ça nous permet de protéger les travailleurs étrangers parce que notre pays est signataire de beaucoup de traités et de conventions. Notre pays est un pays qui a une économie ouverte au monde entier. Les étrangers qui évoluent chez nous n’ont pas vocation à être harcelés, à être brimés, à être escroqués, cette carte évite tout ça», a fait savoir Alpha Bacar Barry, ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Emploi.
Hassimiou Souaré, directeur général adjoint de l’Aguipe a apporté des précisions en ce qui concerne ce permis biométrique sécurisé de travail.
« En réalité, ces permis de travail sont destinés aux étrangers. C’est sur la base des dispositions du code de travail notamment l’article 131.1 que le service public d’emploi émet ces documents de travail pour les étrangers. Aujourd’hui vous demandez à nos services de vous fournir des statistiques, je dirais fiables, en ce qui concerne l’utilisation de la main d’œuvre étrangère dans tous les secteurs que ce soit les mines, la pêche ou ailleurs, je pense qu’on ne serait pas en mesure de le faire puisqu’il y a énormément de déperditions avec entre autres les entrées qu’il y a sur le plan national mais également la possibilité pour des fossoyeurs de procéder quand-même à une falsification de ce document que nous appelons les anciens permis de travail », s’est-il réjoui.
Selon ses concepteurs, cette carte biométrique est ultra sécurisée. Cellou Diallo, directeur technique de l’entreprise TDSS qui a conçu la carte est revenu sur les termes de sécurité liés à la fabrication de ces permis de travail.
«C’est un document ultra sécurisé avec plusieurs éléments de sécurité dedans. Il y a une puce intégrée à l’intérieur avec une technologie NFC. C’est une carte facilement authentifiable. Avec un équipement qui a la technologie NFC, automatiquement, il va authentifier la carte et interroger la base de données de l’AGUIPE pour pouvoir en temps réel vous donner les informations liées à la carte. Le second élément, c’est la biométrie avec laquelle on peut authentifier le travailleur avec la carte mais aussi avec ses empreintes biométriques. On mettra des équipements à la disposition de l’AGUIPE pour qu’à travers l’empreinte digitale qu’on puisse automatiquement authentifier la personne et avoir toutes les informations relatives à la base de données. Il y a aussi un QR code. Il y a des différents niveaux de vérification. Chaque élément de sécurité permet d’avoir accès à une information en fonction du profil enregistré dans le système.
Nous allons mettre aussi à la disposition de l’AGUIPE des outils avec de l’intelligence artificielle par rapport au business intelligence. Ces outils vont les permettre d’avoir des reporting en temps réel.
Avec les engagements que nous avons dans le projet, nous avons l’obligation de faire le futur siège de l’emploi en général et en particulier de l’AGUIPE. Nous avons aussi obligation de rénover ou de construire tous les sièges à l’intérieur du pays.
Les paiements vont être dématérialisés, il n’y aura pas de Cash. Nous avons fait des partenariats avec différentes banques et nous avons développé différentes solutions de paiements. Il n’y aura pas de Cash dans le processus de paiement. Des solutions sont intégrées à ce niveau pour permettre en temps réel de remonter les informations des paiements au niveau du ministère des finances ou du trésor public.
Notre objectif, c’est de sécuriser le processus du début à la fin. Donc, un système informatique pour l’enrôlement, un système intégrant les moyens et solutions de paiements et à la finalité, un permis biométrique sécurisé avec différents moyens d’authentification », a laissé entendre Cellou Diallo, directeur technique de la société TDSS.
A noter que ce permis de travail est valable pour un an renouvelable avec des conditions définies par le code du travail notamment le plan de succession établi par l’employeur.
Diop Ramatoulaye
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