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L’ancien ministre Isto Keïra témoigne : «Ce que j’ai vu au stade du 28 septembre…»

Les témoignages se poursuivent au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry dans le cadre du procès des événements du 28 septembre 2009. Au compte de l’audience de ce mercredi 17 janvier 2024, c’est Isto Keïra, ancien ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi jeune au moment des faits qui répond aux questions pour dire ce qu’il en sait. D’abord, à propos de la prétendue demande des organisateurs de la manifestation qui a débordé, il tient à apporter des détails.

« Il y a eu tellement de spéculations autour de lettres, de demandes d’organisation de meeting ou de spectacles parce qu’il y avait aussi des agences de spectacles qui voulaient organiser des spectacles. Il a été demandé de délocaliser ces différentes manifestations, qu’elles soient sportives, culturelles ou politiques. Les spéculations se faisaient en disant qu’une lettre a été adressée à Monsieur le ministre, à la mairie. La mairie a répondu et le ministère de la jeunesse n’a pas répondu. Je confirme avec fermeté que jusqu’à ce jour je n’ai pas vu cette lettre qui a été déposée.

Ensuite, j’informe le tribunal que tout ce qui est  du domaine des sports, de la culture est cadré par des textes. Vous ne pouvez pas prétendre organiser une manifestation de sport ou un spectacle au stade du 28 septembre si vous n’avez pas un accord préalable du ministère de la sécurité, c’est-à-dire la direction générale de la police, vous n’avez pas un accord écrit du haut commandement de la gendarmerie, un accord écrit de la Croix-Rouge et un accord écrit des services de santé.

Parce que quand une manifestation dépasse plus de cent (100) personnes, il faut la gérer de façon professionnelle. Et lorsque c’est une manifestation politique, c’est-à-dire les partis politiques ou des acteurs non étatiques, automatiquement le destinataire de la lettre de demande doit être le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation qui est seul habilité à donner un accord préalable et qui va être validé par le département. C’est au vu de ces différents documents que les manifestations culturelles, sportives et politiques sont organisées sur toutes les instances relevant du département de la jeunesse et de l’emploi jeune. Cette précision, je voulais la faire », a largement expliqué Fodéba Isto Keïra.

« Je suis allé au stade du 28 septembre pratiquement dix (10) jours après les événements. Parce que, poursuit l´ancien ministre du CNDD, j’avais demandé au directeur du stade qui est Ibrahima Sory Keïta appelé Petit Sory que tout reste en place bien que je ne sois pas un spécialiste de droit ou de police judiciaire ou scientifique. En venant, j’ai pris soin comme je l’ai toujours fait de m’entourer d’une équipe multimédias pour constater les faits.

Ce que j’ai vu au stade du 28 septembre, c’est un spectacle quand même désolant parce que j’ai vu des paires de chaussures éparpillées, j’ai vu des sachets de plastiques partout sur la pelouse, j’ai vu aussi que les portillons ont été défoncés, cassés, j’ai vu que les deux cabines de reportages ont été endommagées. Les tunnels aussi, ce sont des abris qui permettent aux joueurs de rentrer dans le stade. Donc, j’ai vu ça et la presse en a fait écho.

Le 28 septembre 2009, il faut rappeler que vers 17 heures, 18 heures, je crois sur initiative du Premier ministre, le protocole nous a interpellé, les membres du gouvernement qui étaient là pour venir au camp. Nous sommes venus, c’était vraiment une atmosphère morose, de tristesse, de calme et puis nous avons fait juste quelques minutes. Nous avons été briefés par le Premier Ministre, Kabinet Komara sur ce qui s’est passé et aussi de la mise en place des commissions qui devaient s’occuper des cas de blessés et des cas de décès aussi. Mais l’instruction était ferme, le gouvernement, à partir de ce jour, devait tenir un comportement d’apaisement parce que c’était quand même une première dans notre pays », a-t-il narré.

Quand il s’est agit de réparer les dommages subit au stade au lendemain des événements, Kerfalla Camara (KPC) s’est engagé volontairement selon Isto Keïra, à faire gratuitement le travail. Mais, poursuit-il, deux jours après, « la FIFA et la CAF ont écrit à la fédération guinéenne de football pour nous notifier que le match qui était prévu le 11 octobre (2009) ne pourra plus avoir lieu en Guinée par rapport aux événements du 28 septembre et que le match est délocalisé à Accra (Ghana) ». Ce qui a, selon le témoin, stoppé les travaux qui ont été réalisés un mois plus tard par l´entreprise Guicopress.

Mamadou Macka Diallo

666 660 366

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