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Ousmane Gaoual sur l’agression des journalistes à Conakry : “Ce n’est pas violent, ce n’est pas agressif “

Plusieurs journalistes ont été brutalisés, certains d’entre eux arrêtés la semaine dernière à l’occasion d’une manifestation organisée par le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée. C’était pour demander la libération du site Guineematin.com, dont l’accès en Guinée est bloqué depuis plus de deux mois sur le territoire guinéen.

Interpellé hier sur cette situation, le porte-parole du gouvernement a démenti toute violence à l’égard des professionnels de médias. Ousmane Gaoual Diallo a laissé entendre que le fait d’utiliser du gaz lacrymogène pour disperser des manifestants “n’est pas violent ni agressif “.

“Dans la répression normale, il y a des armes conventionnelles, c’est les lacrymogènes. Une manifestation, ce qu’on appelle les armes conventionnelles utilisées pour disperser une foule, ce sont les gaz lacrymogènes. Le fait d’utiliser les gaz lacrymogènes pour disperser des gens, ce n’est pas violent, ce n’est pas agressif. S’ils (les policiers) avaient utilisé des armes de guerre, on aurait dit quoi ? Ça aurait été violent, ça aurait été agressif. Mais lorsque les gens travaillent dans le cadre, c’est comme si on demandait à un journaliste de ne pas dénoncer des turpitudes dont il est témoin. Ce n’est pas violent que de dire les faits. Vous trouvez quelqu’un qui a été corrompu, vous le dénoncez, ce n’est pas agressif, ce n’est pas de la diffamation, puisque ce sont des faits.

Donc c’est très important la manière aussi de traiter l’information de ce point de vue là. La deuxième chose, une intervention policière peut toujours entraîner des petits bobos, ça c’est clair. Mais ce ne sont pas des gens qu’on a attrapés et puis on s’est mis à les frapper à coups de matraque alors qu’ils étaient isolés, ce n’est pas ça du tout. Donc ce que vous êtes en train de dénoncer là, ce n’est pas ce qui s’est passé. Les gens; même en courant, peuvent tomber, se blesser, ça arrive. Ce n’est pas pour autant que vous allez dire qu’ils ont été agressés, violentés, même s´il y en a qui ont des bobos, c’est normal”, a estimé Ousmane Gaoual Diallo.

En appelant à cette marche pacifique, le Syndicat de la presse avait pris le soin de suivre la procédure normale, en déposant une lettre d’information à la mairie de Kaloum. Mais Ousmane Gaoual Diallo soutient que la manifestation était interdite. C’est ce qui justifie, selon lui, l’intervention des forces de l’ordre pour disperser les journalistes et interpeller 13 d’entre eux.

“La manifestation n’était pas autorisée du tout. J’ai entendu quelqu’un de vous dire dans un média en m’interrogeant que les manifestations en Guinée, c’est du régime déclaratif. C’est vrai, mais une déclaration que vous faites a besoin de l’assentiment de l’autorité, sinon elle est illégale. C’est plutôt ça qu’il faut accepter. Dans quel pays au monde l’Etat peut dire que c’est interdit, les journalistes se lèvent et disent qu’ils refusent l’interdit, ils marchent ? Cela ne se fait nulle part.

Lorsque l’Etat interdit, il y a des recours. Le tribunal administratif est là pour contester les décisions administratives. Lorsqu’on ne fait recours à rien du tout, on dit qu’on brave l’interdit, évidemment, la paix publique incombe à l’État et l’État essaie de la garantir. Dieu merci, il n’y a pas eu de fracturés, de blessés graves ou de morts. C’est très bien comme ça”, s’est-il réjoui, alors qu’un des journalistes a le cou immobilisé suite aux coups de matraques qu’il a reçus lors de son arrestation.

Pour finir, le porte-parole du gouvernement a mis au défi les hommes de médias de prouver par des images (photos ou vidéos) qu’il y a eu de la brutalité dans l’intervention des forces de l’ordre. Si c’est le cas, dit-il, les auteurs seront sanctionnés.

 

Diop Ramatoulaye

666-75-16-10

 

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