Depuis l’annonce de l’augmentation du prix du carburant à la pompe qui passe de neuf mille (9 000) GNF à onze mille (11 000) GNF, les acteurs sociaux et citoyens sont entre étonnement, déception et regret ; chacun selon ses motivations. Du côté du gouvernement, c’est la facilité qui prévaut encore en ce sens qu’au lieu d’assumer la décision par les nécessités de financement des dépenses prévues comme tout gouvernement responsable, c’est la comparaison de prix à la pompe avec quelques pays limitrophes, souvent cités comme référence lorsque cela semble l’arranger.
Les agents de désinformation et de déformation de la mouvance, à ne pas oublier qu’il y a parmi eux des militants du RPG Arc-en-ciel et ceux du gouvernement, affichent les statistiques de prix suivantes en équivalence de franc guinéen (FG), disent-ils :
SENEGAL
- Essence 14 400 FG/L
- Gasoil 12 200 FG/L
- Prix moyen de 13 300 FG/L
MALI
- Essence 12 500 FG/L
- Gasoil 11 200 FG/L
- Prix moyen de 11 850 FG/L
COTE D’IVOIRE
- Essence 11 500 FG/L
- Gasoil 11 500 FG/L
Ce que le pouvoir en place n’assume pas, c’est l’imposition sur les citoyens des mauvaises décisions antérieures. Cette comparaison des chiffres isolés ne vise qu’à tronquer la réalité des faits. Quand on décide de comparer, il faut aller jusqu’au bout. Ne voulant pas assumer les conséquences des décisions antérieures de politique publique, qu’elle veuille bien reconsidérer ce qui suit :
Le Produit Intérieur Brut (PIB) d’une nation permet de se prononcer sur le bien-être socioéconomique du pays. Considérant les données de la banque mondiale de l’année 2020, le tableau reste hétérogène entre les pays précités et la Guinée. Ce qui signifie que, malheureusement car cela ne devrait pas être le cas, tous les pays cités par la mouvance devancent la Guinée en termes de PIB donc en termes de bien-être socioéconomique.
Appartenant tous à la CEDEAO, la Côte d’ivoire a réalisé un PIB de 61 348,58 millions de dollars américains (3e économie de la zone), le Sénégal a fait 24 910,90 millions USD (4e de la zone) et le Mali qui est en guerre a créé 17 393,76 millions USD (7e de la zone). Au même moment, la Guinée crée de la richesse autour de 15 681,05 millions USD (9e place). Faudrait-il préciser que la dynamique de croissance du PIB depuis 2011 est à encourager bien que déterminée essentiellement par les productions minières.
Sous cet angle, c’est normal que ces citoyens aient les capacités de mieux résister à un prix supérieur que celui de la Guinée pour un même bien, ce qui n’est nullement la justification de leur prix.
D’aucuns diraient que le PIB n’est pas suffisant et que l’Indice de Développement Humain (IDH) est mieux pour comparer. Dans ce sens, seul le Mali est dépassé par la Guinée, un pays en guerre depuis un moment.
Selon les statistiques de 2019 publiées par contryeconomy.com, la côte d’ivoire a un indice de développement humain de 0,538, le Sénégal 0,512, la Guinée 0,477 et le Mali 0,434. Si tous ces pays ont un indice qualifié de faible, il n’en demeure pas moins qu’ils se distinguent dans le classement. Le classement 2019 de l’agence Ecofin conforte ces indices avec les places mondiales de 165e (Côte d’Ivoire), de 166e (Sénégal), de 174e (Guinée) et de 184e (Mali).
Ces exemples visent simplement à leur montrer que la justification d’une décision impopulaire ne nécessite pas l’indexation des prix des voisins d’autant plus que les capacités financières et les niveaux de vie ne sont pas les mêmes.
Malgré le rattachement de la MAMRI à la présidence de la République et l’offensive fiscale sur des produits de télécommunication, le gouvernement reste toujours dans sa gueule de bois causée par son manque d’anticipation et de décision utile.
Pourquoi voudrait-il semer du piment et tenter de récolter du coton ?
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Mohamed CISSE
Chargé des Relations Extérieures du PEDN