Promotion des droits des femmes : tenu à Conakry d’un forum sur le droit à la santé sexuelle et reproductive

Le Protocole de Maputo à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (Protocole de Maputo) est un protocole international de l’Union Africaine amenant les États signataires à garantir les droits des femmes, y compris le droit de participer au processus politique, l’égalité sociale et politique avec les hommes, une autonomie améliorée dans leurs décisions en matière de santé et la fin des mutilations génitales féminines.

Ce protocole reconnaît le droit des femmes à une bonne éducation, l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, le droit à l’intégrité et à la dignité des femmes, l’élimination des pratiques préjudiciables aux femmes (mutilations génitales féminines et autres pratiques traditionnelles, l’accès à la justice et l’égalité de protection devant la loi), le droit à santé et à la reproduction entre autres.

Ledit protocole à la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples ratifié le 11 juillet 2003 par cinquante-deux pays de l’Union Africaine, généralement désigné comme Protocole de Maputo, notamment son article 17 relatif au droit à la santé sexuelle et au contrôle des fonctions de la reproduction autorise l’avortement sous certaines conditions spécifiques notamment en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste. …

En Guinée, l’avortement est illégal selon la disposition de la loi N°10 du 10 juillet 2000 portant santé de la reproduction. Cette loi accorde des dérogations pour cause thérapeutique, de viol ou d’inceste. Pourtant si à ce jour aucun décret d’application de cette loi n’a été encore pris, il en résulte un vide juridique pouvant être considéré comme une opportunité à saisir. Ce vide occasionnerait les avortements clandestins.

En République de Guinée, la vulgarisation de ce protocole peine à se concrétiser. Pour booster les démarches et faire des plaidoyers auprès des gouvernants, un forum national sur l’imprégnation des hommes et femmes de médias en Droit de la Santé Sexuelle et Reproductive autour du thème “Contexte institutionnel et législatif des avortements clandestins” s’est tenu à Conakry le jeudi 25 mars. L’atelier a été organisé par le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et l’Environnement (REMAPSEN) grâce au financement de l’ONG américaine IPAS. Il a connu la participation d’une trentaine d’hommes de médias et de la société civile. Objectif, sensibiliser et développer la visibilité des pouvoirs publics sur l’application de leurs engagements internationaux concernant les droits à la santé de la reproduction des jeunes filles et femmes.

Selon Moussa Iboun Conté, Coordinateur national du REMAPSEN, cette activité vise à attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’engagement que les pays africains ont pris devant l’Union Africaine depuis 2003, à savoir la transposition de certains thèmes du protocole de Maputo sur les droits à la Santé Sexuelle et Reproductive.

« C’est une action de plaidoyer qui va commencer au terme de ce forum vers les pouvoirs publics pour qu’on crée des conditions de transposition de certains thèmes du protocole de Maputo dans la législation guinéenne, et qui prend en compte un certain nombre de facteurs de certaines conditions spécifiques qui sous-tendent l’avortement sécurisé », explique-t-il.

Ibrahima Sékou Sow, consultant en communication et formateur a parlé de la responsabilité des médias dans la promotion des DSSR. « Vous savez que les médias constituent aujourd’hui un outil incontournable dans la vie de nos sociétés. Que ça soit dans le secteur de la santé, le secteur de l’environnement, que ça soit dans le secteur de l’économie, dans le secteur social, dans la citoyenneté, les médias constituent une goutte essentielle pour amener les gens à adopter des comportements à moindres risques dans le secteur de la santé. Ils sont aussi indispensables pour faire amener les institutions républicaines, le gouvernement à adopter des lois et respecter les engagements au niveau national, au niveau sous-régional, au niveau mondial. Si on peut parler du protocole de Maputo dans le cadre de la santé de la reproduction et des droits de la femme, c’est parce que la Guinée a ratifié ce protocole et donc il faut l’appliquer dans toute sa mesure notamment au niveau de l’article 14 pour que les femmes puissent avoir accès à la planification familiale, que les femmes soient protégées, que les jeunes filles, les adultes et tout le monde s’impliquent vraiment, pour que la femme retrouve sa place normale dans la société au même titre que les hommes », a-t-il indiqué.

Les participants se sont engagés à accompagner le réseau dans la promotion et les plaidoiries pour la vulgarisation du protocole de Maputo.

Diop Ramatoulaye

666751610

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