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Répression du meeting du 28 septembre, Fosses communes… le témoignage lumineux de Mandian Sidibé

Le procès des événements du 28 septembre 2009 se poursuit au Tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Ce mardi, 30 janvier 2024, c’était au tour d’un témoin pas des moindres de se prêter aux questions des parties pour aider à faire la lumière sur cette affaire. Mandian Sidibé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, actuel directeur général de l’Office guinéen des publicités (OGP), est le troisième grand journaliste de son niveau au moment des faits, à passer à la barre après ses anciens confrères Mouctar Bah et Amadou Diallo, respectivement collaborateurs de RFI et de  BBC à l’époque.

Mandian Sidibé, directeur général de la radio planète Fm et célèbre journaliste à l’époque des faits, a évoqué un entretien réalisé avec  Jean-Marie Doré leader politique et ancien Premier ministre et d’autres sources. A l’aise dans ses propos, le témoin de ce mardi n’a pas manqué de dire ce qu’il sait sur la question des fosses communes.

« J’ai reçu sur les antennes de la radio Planète Fm, l’honorable Jean-Marie Doré. Malheureusement, les archives n’existent plus puisque la radio a été vendue à mon absence, elle a été saccagée lorsqu’on a voulu m’arrêter le 17 novembre 2013. Donc, il m’a dit que personnellement, il s’était impliqué pour éviter ces douloureux événements d’autant plus qu’il s’est personnellement déplacé pour aller voir le Capitaine Dadis. Et qu’il lui a dit : “mon fils, ce n’est pas la peine d’empêcher la tenue de ce meeting. À travers ce meeting vous pouvez rentrer dans l’histoire si vous ne réprimez pas. Soyez démocrate, laissez-nous manifester. Vous pouvez encadrer la manifestation mais ne réprimez pas, ne reportez pas la date, vous pouvez rentrer dans l’histoire”.

En réponse, que Dadis lui aurait dit qu’à son niveau, il n’y a pas de problème mais qu’il y a certaines personnes dans son entourage qui n’entendent pas les choses de cette oreille notamment monsieur Papa Koly Kourouma et qu’il ferait mieux d’aller lui voir et que celui-ci devait voyager avec le Général Sékouba Konaté. Donc qu’il (feu Jean Marie Doré) s’est rendu à l’aéroport.

Et quand il arrivait, Papa Koly était déjà sur le tarmac, il a crié son nom et s’est arrêté. C’est là-bas il m’a rappelé que le climat n’était pas du tout bon entre lui et Papa Koly d’autant plus que celui-ci était son adjoint dans son parti. (…) Donc, difficilement Papa Koly l’a écouté. Il a dit : j’ai été voir Dadis. Il a expliqué à Papa ce qui s’est passé entre lui et Dadis. Que Papa lui a répondu en ces termes : “si vous sortez, on va vous massacrer”. Donc, qu’il lui a dit de toute façon ce n’était pas la bonne manière, vous ferez mieux de parler à Dadis et aux autres pour ne pas que cette manifestation non seulement soit reportée mais qu’on nous empêche aussi de la tenir. Et que selon les informations à sa disposition, c’est le Général Toto qui a signé la réquisition pour que l’armée soit déployée. Et que selon ses informations après qu’il ait parlé avec Papa Koly que celui-ci aurait appelé le Colonel Tiegboro pour lui dire s’ils sortent, vous les massacrez. C’est honorable qui me le dit, et c’était à l’antenne.

Donc, que Papa Koly lui a même dit ça avant de quitter que je vais appeler Tiegboro, si vous sortez, on va vous massacrer. Et qu’effectivement selon ses informations Papa Koly avait appelé Tiegboro. Et donc pour lui, il (Papa Koly) est l’un des responsables de ce massacre et puis Tiegboro aussi est un élément important par rapport à ces événements douloureux. Donc je tiens ces informations de lui”. 

Des fosses communes

«Étant à Paris, j’ai eu d’autres informations selon lesquelles il y’a eu trois camions militaires transportant des corps qui ont transité par le camp Samory, deux camions aussi qui n’étaient pas militaires mais conduits par des militaires et qui ont transité par le domicile de l’ancien président, feu Général Lansana Conté. Que ces deux camions étaient stationnés là-bas et que c’est le contenu de ces camions qui a été déversé dans une fosse commune derrière la piste d’atterrissage (Faban). Donc, j’ai communiqué ces informations via les réseaux sociaux pour que des pistes soient données aux enquêteurs. Et par rapport à ces deux charniers qui étaient stationnés au domicile de l’ancien président, on m’a cité des noms qui étaient impliqués dans la gestion notamment l’ancien ministre, Remy Lamah, Édouard Théa (ancien diplomate) au moment où je passais l’émission, celui-ci était en poste en Angola. On m’a dit qu’il faisait partie des personnes qui ont géré ces corps.

En plus, il y a un certain Cheikh Diabaté qui était au moment des faits selon ce qu’on m’a dit au service des renseignements du CNDD. Donc ce sont eux qui ont géré en toute discrétion ces deux camions qui étaient stationnés au domicile de l’ancien président Général Lansana Conté qui sont différents des trois camions militaires. Et qu’il y’avait plusieurs fosses communes mais notamment celle dont on m’a parlé qui a reçu le contenu de ces (2) camions, est bien sûr la fosse commune de Faban. Donc, en gros c’est ce que j’ai relayé sur les réseaux sociaux et je l’ai bien dit c’est selon des sources”. 

Le témoin à la barre, révèle aussi que selon ses sources qui sont d’ailleurs des militaires il y a eu plus de trois cent morts lors du massacre au stade du 28 septembre en 2009. Il a également fait savoir que d’après ses sources, les deux camions non militaires transportant des corps mais conduits par des militaires appartenaient à l’homme d’affaires KPC.

Parlant de l’ancien ministre de la santé, Colonel Abdoulaye Chérif Diaby au moment des faits, il a dit selon ses sources que ce dernier a craché puis donné des coup de pieds à certains corps en disant ceci : “Personne ne vous a dit d’aller au stade, vous vous êtes entêtés pour aller”.

Mamadou Macka Diallo

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