La Maison de la Démocratie et des Droits de l’Homme (M2DH) et la Consortium des Organisations de Défense des Droits humains (Coddh) s’associent pour lancer sur fonds propres, un monitoring des activités de la transition. Pour ce faire, les deux ONGs ont lancé ce vendredi 14 avril, à Conakry, une initiative dénommée « projet de monitoring citoyen du chronogramme de la transition en Guinée « .
La transition guinéenne a pris son envole depuis le 1er janvier 2023, pour une durée de 24 mois, selon les autorités guinéennes. Pour les initiateurs du projet, à cette étape de la transition, il est important de mettre en place une veille citoyenne sur le processus d’exécution de cet agenda.
Ibrahima Chérif est l’un des consultants du projet. Il a expliqué les objectifs visés.
« Cette initiative a pour objectif de contribuer à l’information des populations sur le processus de mise en œuvre des activités de la transition convenues entre l’Etat guinéen et la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au bénéfice de la paix et de la stabilité en cette période. Elle permettra d’alerter et d’informer sur les éventuels retards et difficultés constatées dans sa mise en œuvre ainsi que sur les violations des droits humains. Elle sera matérialisée par la collecte des informations auprès des institutions/ ministères directement impliqués dans l’exécution de l’agenda de la transition. Cette collecte se fera également sur les canaux de communication/d’information de ces institutions/ministères.
Le monitoring et l’analyse de toutes les informations relayées dans la presse nationale en lien avec la mise en œuvre du chronogramme de la transition. L’analyse comparée entre les activités menées et le chronogramme initial de la transition pour faire ressortir les glissements de délai et les difficultés. Et nous allons publier des rapports de monitoring et de veille bimensuels sur l’état de mise en œuvre des activités à travers des points de presse pour la publication et la vulgarisation des rapports de suivi et de monitoring » a t-il indiqué.
Selon les initiateurs, ce projet fera un focus sur les avancées, les retards et les difficultés rencontrées dans le processus de mise en œuvre des différentes sous-activités contenues dans le chronogramme.
Il prévoit de scruter, de la façon la plus large et impartiale possible, à travers la collecte et l’analyse des informations en lien avec le déroulé des actions. La dynamique qui sera mise en place s’adressera aussi à la communauté nationale et aux partenaires de la Guinée. Des points de presse réguliers sur le climat socio-politique, l’état des droits de l’homme et un focus sur les points d’attention feront l’objet d’échange et de partage.
D’ores et déjà, ces ONG relèvent quelques retards accusés dans la réalisation des différents points du chronogramme de la transition.
Moussa Soumaoro, coordinateur de la maison de la Démocratie et des Droits de l’Homme alerte.
« À ce jour, quelques retards sont accusés dans la mise en œuvre du chronogramme, notamment pour ce qui est de l’élaboration de la constitution, dont nous ignorons les raisons. Si des dispositions ne sont pas prises par les autorités de la transition et le CNT, il y a de fortes possibilités que ces décalages aient un impact sur la tenabilité de l’agenda transitoire. Néanmoins, nous encourageons les autorités à communiquer davantage sur ces actions (les avancements réalisés, les difficultés rencontrées, les défis, etc.) et surtout le niveau de mobilisation des ressources pour leur concrétisation.
Il s’agit pour nous de faire un témoignage réel et factuel du processus de la transition en fonction de critères relatifs aux principes et aux conventions auxquelles la Guinée est partie et des lois nationales tout en tenant compte des principes démocratiques de base et la participation citoyenne » a t-il longuement expliqué.
De son côté, Mamadou Cellou Bah de la coordination des Organes de Défense des Droits humains a expliqué l’importance du projet.
« C’est un moyen de disposer d’un mécanisme de communication, d’information et d’alerte de l’opinion publique nationale et internationale sur le déroulement du processus de la transition. Elle permet de créer beaucoup plus la confiance dans le processus de la transition: le cas des plateformes de dialogue entre partis politiques, organes de gestion électorale et autres parties prenantes.
Partant de tous ces aspects, nous proposerons à travers ce travail de monitoring, des analyses avisées, des recommandations aux acteurs et des actions spécifiques pour contribuer au succès de la transition en Guinée, notamment en communiquant et coopérant régulièrement avec les organes de gestion du processus de la transition pour mieux faciliter l’accès aux informations requises en vue de procéder à une évaluation du processus et mieux minimiser les inquiétudes des acteurs et des parties prenantes. Nous allons aussi conduire des plaidoyers à l’endroits des acteurs et autorités requises pour désamorcer les goulots d’étranglement, conduire des campagnes de sensibilisation et d’éducation civique des citoyens à toutes les étapes du processus et œuvrer à la promulgation des lois respectueuses des droits de l’homme qui renforcent un processus de consolidation pacifique et crédible », a t-il fait savoir.
Diop Ramatoulaye
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